Le 10 septembre, les avocats du couple Pinault, propriétaire de la statue égyptienne Sésostris III, ont plaidé devant la cour d’appel de Paris une révision du procès qu’ils ont perdu. Ils demandent l’annulation de la vente de la sculpture.
PARIS - “L’expertise par microanalyse du laboratoire ASA de Francine Maurer prouve que la statue est un faux moderne. Le rapport relève des traces d’outils modernes en acier (inexistants au Moyen Empire) et d’abrasifs modernes telle une lame de diamant. La cour aurait statué dans un sens différent si elle en avait pris connaissance”, a argumenté Me Philippe Combeau, l’un des avocats des Pinault dans le cadre d’un recours en révision de l’arrêt de la cour d’appel de Paris du 25 mars 2002 qui a classé l’affaire Sésostris III (lire le JdA n° 175, 29 août 2003). L’avocat, qui été entendu le 10 septembre, a dénoncé “l’impossibilité matérielle et juridique d’apporter ce moyen de preuve avant le jugement en appel, [ses clients] n’ayant pas eu accès à la statue”. Il a accusé la partie adverse, soit le commissaire-priseur et l’expert, de “rétention” de l’objet empêchant son analyse ô combien déterminante. Il a reproché à la cour de ne pas avoir accédé à la demande de microanalyse et a demandé que l’affaire soit rejugée, ajoutant que le professeur Jean Yoyotte, éminent égyptologue français, venait de se prononcer par voie de presse sur le cas de la statue, qu’il considére comme un faux moderne (1). Me Jean-Loup Nitot, avocat de la partie adverse, a argué que les traces d’outils modernes correspondaient à des zones poncées sur la statue repolie il y a moins de vingt ans dans le but d’effacer des hiéroglyphes apocryphes. Il a noté que, d’après les experts judiciaires, l’analyse de tracéologie pratiquée par le laboratoire Maurer ne prouvait rien et que, de toute façon, la statue n’avait jamais été retenue abusivement. Mais la sculpture achetée n’ayant pas été payée par les Pinault, il est normal que ceux-ci ne l’aient pas eu en leur possession. Il a conclu sur un habile aphorisme : “L’Égypte est un mystère et les Pinault n’admettent pas cela.” Le ministère public a suivi la position de la défense, précisant qu’aucune pièce décisive n’avait été retenue en appel. La statue, non payée par les demandeurs, avait donc été placée sous séquestre. Soulignant que, pour la demande de microanalyse sur la statue, “la cour a[vait] déjà apprécié la situation et était suffisamment informée des données du litige”, l’avocate générale a estimé que “les Pinault [avaient] eu un procès équitable”. La cour d’appel rendra son jugement le 13 octobre.
(1) Le Monde, daté du 17 août 2003.
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Sésostris attend
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°177 du 26 septembre 2003, avec le titre suivant : Sésostris attend