Sélection des ventes de la quinzaine (01.04-14.04.2011)

COLLECTION ULLENS – LA NAISSANCE DE L’AVANT-GARDE CHINOISE, VENTE DU 3 AVRIL, HONGKONG, SOTHEBY’S
Le collectionneur Guy Ullens se sépare d’une centaine d’œuvres de sa collection d’art contemporain chinois commencée il y a vingt-cinq ans, afin de financer d’autres achats auprès de nouveaux artistes émergents. Cet ensemble emblématique sur la naissance et l’évolution de l’avant-garde chinoise s’étend sur plusieurs périodes (des années 1980 à 2000, elle recouvre plusieurs écoles et mouvements) telles que le « Political pop art » et le « Réalisme cynique », et porte sur des techniques variées : peinture à l’huile ou à l’encre, sculpture, photographie, installation… On y trouvera les œuvres phare Forever Lasting Love (Triptych) (1988) de Zhang Xiaogang (est. 2,2 millions d’euros) ; Paternalism Series No. 3 (1988) de Mao Xuhui (est. 35 000 euros) et Series « X? » No. 3 (1986) de Zhang Peili (est. 130 000 euros) qui furent montrées lors de l’exposition « China, avant-garde » à la National Art Gallery de Pékin en 1989.

Estimé 130 000 euros, Mao Zedong : P2 (1988) de Wang Guangyi appartient au mouvement Rational Painting qui a contribué à déconstruire les images associées au culte de la personnalité de Mao Zedong en Chine. Sur la silhouette du grand timonier se superposent des lignes rouges épaisses et des symboles anglais. Parmi les artistes des années 1990 se focalisant sur les sujets en rapport avec la modernisation de la société, citons Liu Wei avec Born in 1989 (1995, est. 130 000 euros) illustrant, dans un style expressionniste, trois bébés roses marchant vers un futur inconnu, et Zeng Fanzhi avec Mask Series No.4 (1994, est. 700 000 euros), peinture issue d’une célèbre série éponyme.

Expert : Evelyn Lin
Estimation : 100 à 130 millions de Hongkong dollars (9 à 12 millions d’euros)
Nombre de lots : 106

ANCIENNE COLLECTION PAUL-LOUIS WEILLER, VENTE DES 5, 6, 7 ET 8 AVRIL À DROUOT, PARIS, SVV GROS & DELETTREZ 
Quatre somptueux catalogues recensent l’impressionnante collection de Paul-Louis Weiller (1893-1993), patron d’industrie, collectionneur et esthète, surnommé « Paul-Louis XIV » par l’actrice Greta Garbo. Deux jours de vente seront consacrés au mobilier, objets d’art, arts d’Extrême-Orient, céramique et tableaux anciens et modernes. Le troisième jour, seront dispersés l’orfèvrerie et les bijoux. La dernière vacation portera sur les livres, autographes et manuscrits. Chaque chapitre de cette vente enferme plusieurs trésors, à l’instar d’un vase impérial chinois long wei gong de 22,5 cm, en forme de queue de dragon. Un million d’euros au minimum sont attendus pour ce rhyton en jade vert fortement teinté de brun-rouille, daté de 1785 et marqué de deux sceaux de l’empereur Qianlong. On retiendra une très rare terrine de forme ovale avec sa doublure et son présentoir (est. 100 000 euros) provenant du second service du duc de Saxe-Teschen. Ce chef-d’œuvre de l’orfèvrerie en argent fondu très finement ciselé a été réalisé par Ignaz Joseph Würth, à Vienne vers 1779-1781. En vedette de la bibliothèque Weiller, un ensemble de rares manuscrits enluminés comprend notamment un livre d’heures à l’usage de Rome dites « Heures de Petau » (vers 1500-1510), orné de 16 miniatures en forme de médaillons peintes par le Tourangeau Jean Poyet (est. 400 000 euros) ; le livre d’heures de la reine Claude de France (vers 1515-1517) illustré de 27 miniatures réalisées par un enlumineur non identifié, appelé « Maître de Claude de France » (est. 400 000 euros) ; ou encore le manuscrit enluminé des Chroniques de Froissart (vers 1415-1420), l’une des sources les plus importantes sur la première moitié de la guerre de Cent Ans (est. 250 000 euros).

Expert : Antoine Lescop de Moÿ (mobilier et objets d’art), Guy Raindre (arts d’Asie), François Vallériaux (livres, manuscrits et autographes)
Estimation : 8 à 10 millions d’euros
Nombre de lots : 725


TABLEAUX ANCIENS, VENTE DU 13 AVRIL, VIENNE, DOROTHEUM
Relevons quelques pépites dans la vente de Dorotheum à Vienne, bien fournie de tableaux anciens, à l’instar d’Arcadie, l’âge d’or, superbe huile sur panneau aux couleurs chatoyantes, exécutée entre 1626 et 1632 et estimée 400 000 à 600 000 euros. Cette peinture est le fruit d’un travail de collaboration entre plusieurs peintres anversois, ce qui était assez courant à l’époque. Cela garantissait à l’acheteur un haut degré de perfection dans tous les aspects de la peinture. Aux côtés de Frans Francken II, ont œuvré son frère Ambrosius Francken, Hans Jordaens III, Abraham Govaerts et Alexander Keirincx. L’un a peint les personnages, un autre les animaux, un troisième était spécialiste des bois et paysages… Pour l’expert Alexander Strasoldo, ce tableau représente « un exemple exquis de la position prééminente que la peinture anversoise avait atteinte au début du XVIIe siècle en Europe ». Autre temps fort, l’Étude de tête d’un vieil homme barbu, huile sur papier marouflé sur toile d’Annibal Carrache, estimée 700 000 à 900 000 euros. Cette œuvre inédite, datant de la fin des années 1580, a été découverte dans une collection européenne et authentifiée par plusieurs spécialistes internationaux. L’artiste a su capturer cette tête très expressive d’une étonnante vigueur. Seconde découverte de la vacation : La Fuite en Égypte, tableau peint en grand format par Valerio Castelli, conservé depuis longtemps dans une collection privée allemande et estimé 200 000 à 300 000 euros. La peinture a été attribuée grâce à une esquisse ayant appartenu à l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand, assassiné à Sarajevo en 1914.

Expert : Peter Wolf, Alexander Strasoldo et Mark MacDonnell
Estimation : 9 à 12 millions d’euros
Nombre de lots : 338