Après avoir joué sur une pseudo-ressemblance avec Tefaf Maastricht, Palm Beach ! prend son envol.
PALM BEACH - La nouvelle édition de Palm Beach !, qui s’est déroulée du 5 au 13 février, a été celle de toutes les métamorphoses : nouveau logo, décor gainé de noir tendance taupinière, renouvellement des participants mais aussi changement rhétorique. Après s’être ingénié à présenter Palm Beach ! comme l’équivalent américain de Tefaf, son maître d’œuvre, Lorenzo Rudolf (lire p. 5), change son fusil d’épaule, au moment même où le salon observe un bond qualitatif impressionnant. Son prêche a donc évité soigneusement cette année toute mention à Maastricht. « L’an dernier, on devait vendre la foire. Je n’ai jamais eu le désir de copier ou de me comparer à Maastricht. Je ne veux pas que quelqu’un croie qu’on veut faire une concurrence. Dorénavant, nous ne parlerons que de Palm Beach ! et non des autres foires », déclare Lorenzo Rudolf. Sans doute ce grand stratège craint-il de s’aliéner les piliers de Tefaf comme Konrad Bernheimer (Munich), Vanderven&Vanderven (’s-Hertogenbosch) ou Robert Noortman (Maastricht), qui ont fait office de prescripteurs en incitant plusieurs de leurs confrères à les rejoindre cette année.
Le niveau des exposants en peinture ancienne et moderne a été fortement revu à la hausse. Lorenzo Rudolf confie d’ailleurs avoir offert des « facilités » au Canadien Robert Landau pour qu’il livre un stand de qualité « musée ». La réponse du marchand fut un brin culottée avec un remake de son accrochage d’Art Basel Miami Beach, vieux d’à peine deux mois ! De son côté, le Genevois Jan Krugier n’avait pas lésiné sur l’artillerie Picasso dont on retenait une Femme à la mandoline de 1911, affichée tantôt pour 25 millions de dollars (19,4 millions d’euros), tantôt pour 19 millions de dollars ! « Je sais que je ne vais pas les vendre, mais je viens à Palm Beach ! pour faire un geste amical envers mon ami Lorenzo. L’année prochaine, je pense retourner à Art Basel Miami Beach », estime un Jan Krugier bien versatile.
« Destination fair »
Dans la section des tableaux anciens, étayée par les superbes stands de Dickinson (Londres) et Moretti (Florence), on retenait un Christ en croix de Zurbarán proposé pour 3,8 millions de dollars par Jaime Eguiguren (Buenos Aires). Une œuvre qu’on devrait en toute logique retrouver à Maastricht. L’archéologie avait sorti ses plus beaux atours chez Ariadne (New York) où le regard hésitait entre un alabastron en argent (1,7 million de dollars) et un masque scythe en or (600 000 dollars). En revanche, les meubles laissaient à désirer, entre la débauche d’acajous Art déco ruisselants de vernis, et les bois peints suédois de Lars Bolander (Palm Beach) dont la supposée ancienneté laissait songeur. Face à la défection de leurs confrères parisiens Perrin et Segoura, les Steinitz (Paris) jouaient les derniers des Mohicans pour le mobilier XVIIIe.
Entre la langue de bois des uns et l’optimisme de façade des autres, le commerce a semblé globalement mou malgré la vente d’une scène d’hiver par Avercamp chez le Londonien Richard Green (12,5 millions de dollars). La plupart des marchands ont argué de bons contacts sans indiquer de ventes concrètes. Il est vrai aussi que certains exposants peinaient à cibler le profil de la clientèle. Car qui dit visiteurs fortunés n’implique pas nécessairement achat d’œuvres d’art. Un Donald Trump paye sans doute plus spontanément 10 millions de dollars pour sa « folie » de Mar-a-Lago et sa plage attenante qu’il ne se rue pour le même prix sur un Picasso de Jan Krugier. Le grand défi pour les organisateurs de Palm Beach ! sera de concilier le gisement local d’amateurs enclins à la décoration facile avec leur souhait de transformer le salon en destination fair, capable d’attirer des collectionneurs affûtés. Une équation complexe qu’Art Basel Miami Beach a quant à elle résolue.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sea, art and beach
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°209 du 18 février 2005, avec le titre suivant : Sea, art and beach