La 8e édition de Palm Beach Classic, qui se déroule du 29 janvier au 8 février, attire une clientèle fortunée en villégiature, sous le soleil exactement.
PALM BEACH - Deux semaines après Palm Beach Contemporary, la 8e édition de Palm Beach Classic s’ouvre sous la houlette de l’International Fine Art Expositions (IFAE). Comme la Biennale de Monaco, ce salon s’inscrit dans le calendrier mondain d’une clientèle fortunée en villégiature.
La foire enregistre cette année un renouvellement de plus de 35 % de ses exposants. Cette cuvée intronise le grand ponte des maîtres anciens Colnaghi (Londres), le baroudeur de l’art océanien Wayne Heathcote (Bruxelles) ou encore la famille joaillière Moussaieff (Londres). Ces derniers viennent consolider la base des Richard Green (Londres), Robert Noortman (Maastricht) et Bernard Steinitz (Paris).
Fidèle de Palm Beach Classic, la galerie parisienne Cazeau-La Béraudière a opté pour la version Contemporary, programmée au début du mois de janvier. D’autres comme Martin du Louvre, Jacques de Vos et Pierre Dumonteil (Paris) préfèrent cumuler les deux foires. Les organisateurs ne proposent pas de tarifs forfaitaires pour les deux manifestations, mais des facilités de stockage dans la période intérimaire. Pour séduire un marché américain particulièrement chauvin, la galerie Martin du Louvre présente deux toiles du seul élève américain de Paul Gauguin, Guy Ferris Maynard, artiste rarissime dont on ne connaissait jusqu’à présent que deux autres pièces. La fibre patriotique sera aussi caressée dans le sens du poil avec une statue de la Liberté de Bartholdi en marbre patiné à effet de bronze. Accompagnant pour la première fois la transhumance de ses clients, la galerie new-yorkaise Macklowe, spécialisée dans l’Art nouveau, offre aux visiteurs un panorama du verrier Tiffany, le « summum de la création américaine ».
Après un stand dévolu aux artistes plus contemporains sur Palm Beach Contemporary, Pierre Dumonteil convoque les grandes signatures animalières de Bugatti et Pompon. « Il vaut mieux différencier son public. Palm Beach Contemporary s’est révélée inégale pour les exposants, comme toutes les foires, mais l’organisation est irréprochable, observe le marchand. Les Américains ont moins la fibre acheteuse qu’il y a cinq ans. Le niveau d’activité était toutefois largement supérieur à ce que nous craignions. On attend la même chose de Palm Beach Classic. » De quoi mettre du baume sur le scepticisme de certains de ses confrères. Le ton de Benjamin Steinitz est pourtant désabusé : « Comme toutes les foires, Palm Beach a eu des hauts et des bas. Nous la faisons depuis le début, mais, honnêtement, j’y vais cette année à reculons. Le marché est à l’arrêt, les Américains ne sont pas acheteurs et, avec un euro fort, nos prix ne sont pas compétitifs. Mais la foire m’apporte une cassure dans les tristes mois d’hiver parisiens ! » Les antiquaires invoquent souvent les vertus « relaxantes » de la foire. « Je me lève à six heures pour faire de la pêche en haute mer, puis je commence la foire à midi. Je vends bien mes tableaux, et je pars tranquillement dîner à sept heures. Je m’y sens vraiment bien », s’amuse Robert Noortman. Sophrologie mise à part, le galeriste doit s’accommoder d’un goût local peu porté sur les maîtres anciens. Pragmatique, il propose cette année 50 œuvres postimpressionnistes contre 10 peintures anciennes. Une tendance qui pourrait faire le bonheur de la jeune Galerie du Post-Impressionnisme (Paris). Celle-ci présente une vingtaine de pièces dont un tableau de Claude Pissarro daté de 1896, La Seine à Rouen, pont Boieldieu, entrevu au Pavillon des antiquaires de septembre.
L’antiquaire Axel Vervoordt (Kasteel), qui en est à sa quatrième participation, reconnaît avoir d’abord été effrayé par le goût supposé très glamour des visiteurs. « Mais dès notre première participation, on a fait une très bonne foire, précise sa collaboratrice Anne-Sophie Dussellier. Par rapport à l’Armory Show de New York, on peut montrer des meubles plus grands pour des intérieurs plus spacieux. » L’antiquaire réitère sa mise en scène de l’Armory Show en hommage au styliste et collectionneur Bill Blass : parquet foncé, meubles en acajou et pièces d’archéologie. La plupart des grandes galeries apportent une marchandise de qualité, avec cependant d’inévitables redites – le portrait d’homme au gilet rouge de Rembrandt, véritable mascotte de Robert Noortman. Mais pour certains, pointe déjà l’échéance très sérieuse de la foire de Maastricht.
Du 29 janvier au 8 février, Centre de congrès du comté de Palm Beach, 650 Okeechobee Boulevard, West Palm Beach. Renseignements : 1 561 209 13 38 ; www.ifae.com
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Sea, antics and fun
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°185 du 23 janvier 2004, avec le titre suivant : Sea, antics and fun