Comment en êtes-vous venu à vous spécialiser dans l’art de la haute époque, en couvrant toutes les productions artistiques de la période ?
J’ai été, dans le passé, antiquaire dans différents domaines, mais aucun ne m’a autant enthousiasmé que l’art du Moyen Âge. De la sculpture aux miniatures en passant par les vitraux, les émaux, les ivoires et les manuscrits, les diverses formes artistiques des temps médiévaux sont moins éloignées les unes des autres que si l’on considère d’autres périodes de l’histoire de l’art. Car il arrivait fréquemment à l’époque qu’un même artiste couvre différentes disciplines. À la galerie, outre l’art occidental, je présente des œuvres d’art islamique, byzantin, éthiopien ou arménien, ainsi que des peintures et manuscrits indiens, principalement d’époque médiévale.
Vous présentez actuellement, à la galerie Alexander à New York, une exposition intitulée « Art du Moyen Âge » (1). Combien de temps faut-il pour réunir autant de pièces de cette importance ?
Monter une telle exposition peu prendre des années et j’ai été extrêmement chanceux de trouver toutes ces pièces dans diverses collections.
Pourquoi avoir préféré New York à l’Europe ?
Mon choix d’exposer à New York vient du fait que, comparativement au passé, nous voyons moins d’Américains traverser l’Atlantique pour visiter les galeries européennes. De plus, cela faisait longtemps que je n’étais pas venu aux États-Unis pour présenter une sélection d’œuvres de cette envergure. Pour l’occasion, mon exposition coïncide avec celle intitulée « Collecting Treasures of the Past, VI », organisée par le marchand américain Anthony Blumka et l’antiquaire munichois Florian Eitle-Böhler, à la galerie new-yorkaise Blumka.
Quel est votre objet favori dans l’exposition « Art du Moyen Âge » ?
C’est très difficile de choisir parce que toutes les œuvres que je présente correspondent à une sensibilité particulière. Mais aucun doute que le rarissime coffret en chêne couvert de plaques de cuivre doré, ancienne boîte à saint chrême anglo-saxonne du VIIIe-IXe siècle transformée en reliquaire, est un objet qui procure une excitation particulière. Le panneau situé à l’avant montre le Christ entouré des quatre évangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ce coffret semble être celui qui est mentionné au XVIIe siècle dans un inventaire du trésor de l’abbaye Saint-Pierre de Moissac [Tarn-et-Garonne]. Je m’étonne encore du fait qu’il nous soit parvenu en si bon état de conservation.
Comment décririez-vous le marché de l’art médiéval ?
C’est un marché relativement petit comparé à celui de la peinture ancienne par exemple, mais c’est un marché fort. J’ai vu le nombre de collectionneurs privés – parmi lesquels de jeunes amateurs – augmenter ces dernières années. Les institutions restent très actives dans ce domaine, autant aux États-Unis qu’en Europe.
Votre spécialité est-elle sujette à des modes ?
Aujourd’hui, les collectionneurs ont tendance à s’intéresser aux œuvres d’art pour elles-mêmes alors qu’il y a quelques années les pièces d’importance académique, même celles dénuées de qualités esthétiques visibles, prédominaient.
Pourquoi n’êtes-vous pas plus présent lors des grandes foires internationales ?
Les foires ne sont pas mon truc. Pour montrer de l’art médiéval comme il se doit, il faut de l’espace. Pas seulement pour pouvoir tourner autour des œuvres, mais aussi pour les apprécier dans une atmosphère plus calme et contemplative.
Quelle est la dernière exposition qui vous ait plu ?
L’exposition « Trésors de la peste noire : Erfurt et Colmar », qui s’est achevée le 3 octobre au Musée du Moyen Âge-Thermes et hôtel de Cluny à Paris, était admirable.
(1) « Art of the Middle Ages », jusqu’ au 2 novembre, Alexander Gallery, 942 Madison Avenue, New York, tél. 1 212 472 1636 et 44 20 7534 2100, www.samfogg.com
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Sam Fogg, antiquaire spécialisé en art médiéval, Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°267 du 19 octobre 2007, avec le titre suivant : Sam Fogg, antiquaire spécialisé en art médiéval, Londres