PARIS
Du 23 au 27 octobre, le 121e Salon d’Automne expose des artistes connus et moins connus dans des pavillons situés sur les Champs-Élysées. Retour sur un salon légendaire qui a marqué l’histoire de l’art du XXe siècle.
« C’est Donatello parmi les fauves ! », s’exclame en 1905 le critique d’art Louis Vauxcelles pour décrire les toiles d’Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck, entre autres. L’expression donne son nom au fauvisme. Ces peintures, il les a découvertes dans un salon créé deux ans auparavant par quelques amis – Hector Guimard, Pierre Bonnard, Georges Rouault, Félix Vallotton, Édouard Vuillard ou encore Henri Matisse –, rassemblés autour de l’architecte Frantz Jourdain : le Salon d’Automne. Leur but : exposer les artistes d’avant-garde qui n’étaient pas reconnus par les institutions et peinaient à trouver un lieu pour montrer leurs œuvres.
Créé dans les sous-sols du Petit Palais, ce salon fait par des artistes pour les artistes, structure associative qui sera reconnue d’utilité publique en 1920, s’installe dès 1904 sous la verrière du Grand Palais. En 1911, il expose les cubistes dont Pablo Picasso. En 1912, ce sont les premières toiles abstraites de Frantisek Kupka qui s’invitent. Après-guerre, en 1919, il continue d’exposer les scandaleuses avant-gardes, en accueillant une œuvre de Tristan Tzara, du mouvement dada. Après les années sombres de l’Occupation allemande, où les artistes tentent de continuer à faire vivre le salon et où certains de ses membres ont été suspectés d’être trop proches de l’occupant et du régime de Vichy, le Salon d’Automne renaît dans une édition intitulée « Salon de la Libération » en 1945. Picasso, resté fidèle à ce salon d’artistes y expose Guernica, ainsi que près de 80 peintures et sculptures des années de guerre. L’année suivante, dans une édition appelée « Salon de la Paix », c’est Matisse qui est mis à l’honneur.
L’inauguration du Musée d’art moderne (MAM), en 1947 et du Centre Pompidou en 1977, ainsi que la création de la Fiac en 1974 marginalisent cependant le Salon d’Automne. Il continue pourtant de montrer les œuvres d’artistes moins établis, ainsi que ceux qui lui restent fidèles comme Zao Wou-Ki, qui y présente son travail pour la première fois en 1948 et revient en 2003 en invité d’honneur.
Loin de se limiter à la peinture et à la sculpture, le salon s’ouvre à de nombreuses formes d’expression artistique. Dès 1904, Paul Cézanne ose y montrer des photographies. En 1922, l’artisanat et le design moderne s’y établissent. L’art culinaire s’impose en 1924. En 1929, Le Corbusier et Charlotte Perriand y montrent l’équipement moderne des habitations. Le salon s’ouvre également à la céramique, au verre à la gravure ou encore à la tapisserie, avec Jean Lurçat. Demain, peut-être y invitera-t-il le cinéma…
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Salon d’automne, au rendez-vous des artistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : Salon d’automne, au rendez-vous des artistes