SAGA et le renouveau du livre d’artiste

Saga n’est pas un salon comme les autres. Cette année il s’installe aux côtés du gigantesque Salon du Livre. On y côtoie d’étranges personnages dont la principale activité consiste à commenter, les yeux brillants, la finesse d’un grain de papier ou à décrire avec délectation la beauté typographique d’une police de caractère. Le monde de l’estampe, du multiple et de l’édition est un monde de passionnés. Alors que l’on savoure du regard les objets, le maître du stand déploie soudain un commentaire où volupté et savoir s’entremêlent pour notre plus grand bonheur. Il faut avouer que la profession revient de loin. Il y de cela quelques années, toute une jeune génération d’artistes portait un regard dédaigneux sur ces productions. L’artisanat qui souvent est à la base de ces petites entreprises, semblait ne plus correspondre à un monde où les techniques de transmission de l’information n’avaient plus besoin du support papier. Le dessin disparaissait des murs des galeries. Les livres d’artistes se transformaient en catalogues d’expositions. Aujourd’hui, la situation est toute autre. Des amateurs se sont fait connaître. La profession se félicite d’un regain d’intérêt pour ces réalisations. En déambulant, le visiteur pourra donc découvrir une incroyable variété de productions. Du livre illustré aux estampes, de la photographie aux multiples, ce salon offre un excellent condensé de la production artistique actuelle. Les prix, souvent étonnamment bas pour certains artistes reconnus permettent de débuter une collection à moindre frais. Saga 1999 est incontestablement un bon cru même si une fois encore l’on regrette l’absence de certaines galeries (Yvon Lambert avec ses sublimes livres d’artistes), l’absence de certains éditeurs (l’éditeur bruxellois Yves Gevaert) ou de structures de production plus novatrice (In Vitro ou JPR). Mais le principal est là. L’amour du livre, le plaisir du dessin et de la gravure n’ont pas disparu. Cela suffit à notre bonheur.