Après des décennies d’invisibilité, la peinture figurative de l’artiste féministe est à redécouvrir en galerie.
Paris. L’exposition « Messieurs, il fait froid ici » se concentre sur les années 1973-1986, une période clé de la production de Sabine Monirys (1936-2016). C’est le moment où l’artiste se consacre de manière exclusive à la peinture figurative sur grands formats. Après avoir été l’épouse de Jacques Monory, puis la compagne de Jérôme Savary, auprès desquels elle noue des amitiés et collabore avec un riche cercle d’artistes (Robert Frank, Peter Handke, Jacques Prévert, Roland Topor), Sabine Monirys s’installe en 1974 dans son propre atelier, avec ses deux enfants. C’est dans ce « lieu à soi » qu’elle signe désormais ses toiles sous le nom d’artiste Sabine Monirys, délaissant une peinture naïve sur petits formats pour commencer un cycle de grands tableaux, plus forts et plus aboutis. Mêlant intime et politique, réel et onirisme, sa peinture capte les tourments de la condition féminine, mais aussi les difficultés du vivre ensemble dans la société. Certains tableaux sont volontiers féministes, au sarcasme mordant. D’autres sondent les fragilités existentielles avec des figures seules, menacées, vacillantes. Une œuvre tendre et ironique, délicate et imposante. Pour la galeriste Marie Deniau, ce sont ces « contrastes qui font la puissance de sa peinture ; c’est une artiste surprenante, tant par le contraste entre les forces et les fragilités des œuvres que par l’originalité de sa vie ou le degré d’oubli dont elle a souffert malgré sa présence dans diverses collections publiques françaises ».
Originale, Sabine Monirys demeure en marge dans le contexte avant-gardiste des années 1960-1970. Alors que la plupart des artistes liées au mouvement féministe se tournent vers la performance, l’installation, la vidéo ou la photographie, Sabine Monirys fait le choix de la peinture figurative. Un univers pictural dont la veine surréaliste se démarque du pop art ou de la Figuration narrative, esthétiques alors dominantes. « Elle est restée en marge, négligée par cette histoire officielle qui s’est écrite au prisme de ces nouvelles tendances », explique Marie Deniau. Depuis 2019, précise-t-elle, la galerie Kaléidoscope soutient « des expressions picturales, contemporaines du pop ou de la Figuration narrative, mais qui ont été oubliées et moins montrées, comme Jacques Grinberg ou Sabine Monirys ».
Après une présentation en avant-première à Art Paris, cette exposition personnelle s’inscrit dans la continuité de ce travail de réhabilitation de l’œuvre de Sabine Monirys. « C’est une belle œuvre à défendre, pour laquelle tout reste à faire, en collaboration avec l’estate, les collectionneurs et les institutions, affirme Marie Denau. Peu d’œuvres circulent, l’artiste n’est pas passée en ventes publiques depuis fort longtemps et le public ne l’avait pas vu exposée depuis les années 1980. » En galerie, les prix affichés vont de 4 500 à 33 000 euros.
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Sabine Monirys (1936-2016) refait surface à la galerie Kaléidoscope
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°634 du 24 mai 2024, avec le titre suivant : Sabine Monirys (1936-2016) refait surface à la galerie Kaléidoscope