Une reprise, quoique timide, commence à s’affirmer dans les salles des ventes : pour la deuxième année consécutive, les résultats, récemment publiés, de Drouot, de Sotheby’s et de Christie’s, montrent une augmentation significative. Mais la sortie de la grande crise de 1990–1991 s’annonce néanmoins fragile.
PARIS - À Drouot, le produit vendu du premier semestre de cette année pour les tableaux, le mobilier et les objets d’art s’élève à 1 188 695 000 francs, soit une augmentation de 8 % par rapport à l’an passé. La progression l’an dernier à pareille époque a été de 2,48 %. Le pourcentage de produit vendu, 62 %, qui est resté constant à Drouot Richelieu par comparaison à 1993, a été de 76 % à Drouot Montaigne, soit trois points de mieux que l’année dernière.
Le produit total vendu de Drouot durant le second semestre 1993 avait dépassé 1,5 milliard de francs, marquant une progression de 13,99 % par rapport aux six derniers mois de 1992. Pour l’ensemble de l’année 1993, Drouot avait enregistré une hausse de 7,54 % par rapport à 1992.
Pour Me Joël-Marie Millon, président de Drouot, les derniers chiffres montrent la poursuite d’une "faible reprise, et la stabilité confirmée du marché parisien." "Paris s’est a nouveau confirmé comme la première place au monde pour les livres. Nos ventes de tableaux modernes ont bien marché, nous avons eu des vacations de mobilier et d’objets d’art importantes, et nous constatons une évolution très nette, voire un élan, dans le domaine de l’Art déco et l’Art nouveau – nous avons atteint de bien meilleurs prix pour la pâte de verre, par exemple, même s’ils sont encore en-dessous de ceux de 1989. Bref, nous sommes dans une période de redressement", nous a-t-il indiqué.
"Un pas dans la bonne direction"
Sotheby’s et Christie’s, qui viennent de publier leurs résultats mondiaux pour l’année (août 1993–juillet 1994), ont fait encore mieux que leurs confrères continentaux en termes de progression. Sotheby’s peut se vanter d’avoir vendu, pendant l’année de son 250e anniversaire, pour 919 millions de livres ou 1 380 000 000 dollars US (7 720 000 francs), ce qui signifie une augmentation d’environ 19 % en livres sterling, et de 15 % en dollars. Son éternel rival Christie’s annonce pour la même période un produit total de 781 millions de livres ou 1 172 millions de dollars US (6 560 000 000 francs environ), soit une augmentation de 14 % en livres sterling et de 11 % en dollars par rapport à 1992-1993.
Spécialement prometteur, le marché asiatique, au bout de deux ans de promotion intense, représente 16 % du chiffre d’affaires de Christie’s.
De son côté, Phillips a publié des résultats de 88,03 millions de livres (740 000 000 francs environ), soit une augmentation de 12,5 %, tandis que la quatrième maison de ventes publiques britannique, Bonhams, enregistre une hausse de 21 %, avec un produit total de 33 900 000 livres (285 millions de francs environ).
Aucune maison, pourtant, n’ose faire de triomphalisme. La présidente de Sotheby’s, Diana Brooks, attribue ces bons résultats à quelques très grandes ventes de collections et de successions, telles que celles de Peter Jay Sharp et de Wendell Cherry, ainsi qu’à une amélioration dans certains secteurs importants du marché, notamment les tableaux anciens et du XIXe siècle, l’art contemporain, le mobilier et l’art sud-américain. Les résultats des tableaux impressionnistes et modernes et les bijoux, en revanche, sont en baisse par rapport à 1992–1993.
Selon Humphrey Butler, directeur général de Christie’s France, les derniers chiffres de sa maison marquent "un pas dans la bonne direction pour nous tirer du marasme des années 1991–1992."
"Mais la situation reste plutôt fragile, dans la mesure où cette amélioration n’a pas été soutenue par un très fort pourcentage de produit vendu", estime-t-il.
Christie’s dépasse Sotheby’s à Monaco
Même si le marché international a connu quelques résultats fort spectaculaires – on songe au bas-relief assyrien vendu à Christie’s Londres le 6 juillet pour 7,7 millions de livres, soit environ 64 millions de francs, et un record mondial absolu pour une sculpture –, il a rencontré un certain nombre d’échecs tout aussi dramatiques, quoique entourés de bien moins de publicité.
L’importante progression du marché des bijoux en 1993, par exemple, ne s’est pas maintenue cette année, et les grandes ventes de tableaux modernes à Londres et à New York, déjà pénalisées par des estimations trop optimistes, ont coïncidé fâcheusement avec des accès de déprime boursière. Les tableaux du XIXe siècle ont connu un véritable essor. Mais les vacations de tableaux anciens, qui avait montré des signes encourageants de reprise, n’ont guère produit les résultats espérés par Christie’s. Sotheby’s, en revanche, considère "encourageants" les résultats de ses récentes ventes de tableaux anciens à New York et à Londres.
"Déçu" que L’Immaculée Conception, qu’il considère comme de Velazquez, n’ait pas trouvé preneur le 6 juillet à Londres, Hugh Brigstocke, directeur du département des tableaux anciens de Sotheby’s, a néanmoins estimé que les autres résultats de l’importante vente du jour prouvaient que "des toiles de grande qualité et nouvelles sur le marché suscitent beaucoup d’intérêt et atteignent des prix élevés ... le marché reprend vie."
L’art d’Extrême-Orient, en revanche, est en pleine expansion, et le marché du mobilier a connu de très bons résultats, marquant une augmentation de 44 % par rapport à 1993-1994 chez Christie’s, qui, pour la première fois, a dépassé Sotheby’s en chiffre d’affaires à Monaco. En Europe, le Dorotheum à Vienne a enregistré une progression plus faible, avec un chiffre d’affaires de 663 millions de schillings autrichiens (approximativement 1 366 millions de francs) pour la période de janvier à juin 1994, soit une augmentation de 22,3 millions de schillings (46 millions de francs environ).
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Reprise ou stabilité confirmée ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Reprise ou stabilité confirmée ?