PARIS - Pour une foire, il est des signes qui ne trompent pas. Par exemple la présence de François Pinault avant l’ouverture officielle.
Alors que le collectionneur se réserve habituellement pour les événements d’art contemporain, il visite Paris Photo depuis l’an dernier. Il est d’ailleurs reparti avec une photo de Christopher Thomas, sur le stand de la galerie Bernheimer (Munich), et des clichés de Boris Mikhailov, sur celui de Guido Costa (Turin). François Pinault ne fut pas le seul à se presser aux portes du salon. Tous les visiteurs furent frappés par le bond qualitatif de cette édition. La majorité des exposants avait consenti de gros efforts d’accrochage, en proposant des stands bien plus harmonieux et tendus que les années passées. Si la section « Statement » laissait à désirer, les photographes d’Europe Centrale n’ayant pas réussi à se soustraire à l’influence esthétique soviétique, les découvertes ou redécouvertes étaient légion. Tout d’abord du côté de la photographie du XIXe siècle, avec les œuvres d’Henri Courmont, un photographe méconnu dont la galerie Hans P. Kraus (New York) a cédé une petite vingtaine de clichés. Découverte aussi du Japonais Naoya Hatakeyama, avec ses représentations nocturnes d’immeubles chez la nouvelle recrue Sage (Paris). L’artiste est d’ailleurs en discussion avec trois musées américains, dont le Getty Museum à Los Angeles. Les signes de reprise du marché américain étaient perceptibles avec le retour de quatre galeries new-yorkaises, dont Yossi Milo et Tom Gitterman, et l’arrivée de deux autres, également new-yorkaises, Aperture et Barry Friedman. « Après trois ans d’absence, je suis surpris de voir à quel point le nombre de visiteurs de qualité a encore augmenté », confiait Tom Gitterman. « Je suis très heureux d’être revenu. Il y a une énergie incroyable et les organisateurs sont formidables », déclarait Yossi Milo, après avoir vendu en trois jours plus de vingt-cinq clichés. Autre signe positif, le nombre de photos de poids à l’affiche. Johannes Faber (Vienne) montrait ainsi un portrait de Richard Strauss par Edward Steichen pour 420 000 euros, tandis que Howard Greenberg (New York) présentait Chez Mondrian, un vintage de 1926 d’André Kertész pour 684 000 euros. Non que ce type de pièces trouve preneur sur le salon. « Des œuvres comme celles-là mettent du temps à se vendre, admettait Howard Greenberg. Mais des courtiers peuvent la voir ici et se rappeler que j’en possède un exemplaire. Les galeries sont plus confiantes aujourd’hui pour montrer des pièces comme celles-là. Cela ne ferait aucun sens, en revanche, dans un contexte où personne n’y prêterait attention. » Alors qu’il avait fait feu de tout bois l’an passé, l’allumage semblait plus lent pour Greenberg, malgré la vente d’un tirage de Robert Capa à la Yale University Art Gallery, à New Haven.
Bouche-à-oreille bienvenu
Pour la majorité des galeries, les affaires furent très actives. « Cela a commencé très fort, mieux que l’an dernier. Le bouche-à-oreille sur la qualité de la foire a immédiatement joué », remarquait Bernard Utudjian, de la galerie Polaris (Paris). Le Musée d’Israël, à Jérusalem, lui a notamment réservé une photo de Stéphane Couturier. De son côté, la galerie des Filles du Calvaire (Paris) a réalisé en un jour le même chiffre d’affaires que sur toute la durée du salon en 2009. L’hôtel Maybourne à Londres lui a acheté sept photos de Gilbert Garcin et quatre de Karen Knorr, tandis qu’un groupe de quatre acheteurs turcs a emporté seize images de Garcin. L’Art Institute de Chicago a, pour sa part, jeté son dévolu sur une photo de Yutaka Takanashi chez Priska Pasquer (Cologne), tandis que le Nelson-Atkins Museum of Art de Kansas City a réservé une photo d’Adolphe Braun et une autre de Pierre Jules César Janssen chez Bernard Quaritch (Londres). La galerie a aussi cédé un livre de Peter Henry Emerson à la National Gallery of Art de Washington. « La qualité des expositions en musée était plus grande que par le passé, ce qui créait une activité positive pour nous. Les gens sentent qu’ils peuvent respirer plus facilement », résumait Hans P. Kraus. Le rythme fut plus lent dans la section « Statement », qui offrait peu d’intérêt hormis quelques propositions de la galerie Lumen (Budapest) et les photos spectrales réalisées par Uros Abram selon un procédé particulier de camera obscura dans la bouche. Cette section a atteint ses limites, et il est heureux qu’elle soit remplacée, en 2011, par un autre concept de plateforme, dédiée pour le coup d’envoi à l’Afrique.
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(Re)découvertes sur Paris Photo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°336 du 3 décembre 2010, avec le titre suivant : (Re)découvertes sur Paris Photo