Les salles de Drouot, du côté de l’avenue Montaigne et de la rue Drouot, ont battu leur plein pour l’archéologie, les 17 et 18 mars. Sur près de mille objets passés à l’encan, peu de pièces sont restées invendues. Les amateurs ont répondu présent, avec un intérêt marqué pour l’Égypte.
PARIS - Les 17 et 18 mars, l’archéologie égyptienne et gréco-romaine était à l’honneur à Drouot-Montaigne. Une vente fleuve de 719 lots organisée par la SVV Piasa, assistée du Cabinet de Serres, a remporté un vif succès. Pour Jean-Philippe Mariaud de Serres, “la vente était très saine. Dans l’ensemble, tout s’est bien vendu, souvent au prix de l’estimation basse. Ce n’est pas si mal compte tenu de la morosité ambiante du marché de l’art. L’Égypte est un domaine privilégié de l’archéologie.” Le premier jour de la vente, une tête égyptienne de prêtre en diorite noire était très attendue, estimée autour de 90 000 euros. Provenant d’une statue, représentant le portrait bien conservé d’un homme d’âge mûr, et datant du début de l’époque ptolémaïque, elle a été acquise pour 94 400 euros. Le deuxième jour a été ponctué de belles enchères avec, au sommet du palmarès, une stèle historique de donation au nom de Ramsès III et de son fils Ramsès-Meryamon, en calcaire blanc de forme cintrée, provenant d’Égypte, et datée du Nouvel Empire (XXe dynastie) sous le règne de Ramsès III (vers 1161 av. J.-C.) ; elle s’est envolée à 263 500 euros, contre une estimation de 90 000 euros. Sur la deuxième marche du podium, une rare tête romaine du premier tiers du Ier siècle, en marbre blanc à grains fins, représentant le portrait de l’empereur Tibère, très proche de celle conservée au Musée du Louvre, estimée 40 000 euros, s’est élevée à 190 700 euros. Un casque grec en bronze de type corinthien, datant de la première moitié du VIe siècle avant J.-C., avec les yeux découpés en amande séparés par un étroit nasal, a été vendu 90 800 euros, bien au-dessus de son estimation de 60 000 euros, et une très rare plaque d’ornementation achéménide en argent estimée 25 000 euros, datée du Ve siècle avant J.-C., ornée au repoussé, dans un encadrement de rosettes, de six lignes d’inscription en caractères cunéiformes vieux perse commençant par :” Je suis Otanès...”, est partie à 59 000 euros. Ce prix souligne l’importance historique de l’objet. La notice du catalogue précise d’ailleurs qu’Otanès, qui a rédigé le texte, est l’un des compagnons qui a aidé Darius à prendre le pouvoir. Le Musée du Louvre, très actif sur le marché de l’archéologie, a pour sa part complété ses collections en préemptant huit lots de valeur modeste, entre 700 euros (pour un petit relief de Mésopotamie du début du IIe millénaire av. J.-C.) et 23 600 euros (pour une statue sumérienne acéphale de lion couché de Mésopotamie, de la fin du IIIe mill. av. J.-C.). Deux regrets cependant, d’une part pour une grande amulette complexe représentant le dieu Bès, un spectaculaire talisman d’heureuse maternité qui était attendu autour de 40 000 euros, d’autre part pour une amphore grecque de type “B” à figures rouges de 47 cm datant de 475-460 avant J.-C., trouvée à Vulci en Étrurie au début du XIXe siècle et attribuée au peintre des Niobides, une pièce de musée estimée raisonnablement 150 000 euros. Ces deux objets exceptionnels sont restés invendus, faute d’amateurs.
Le 17 mars se tenait parallèlement, à Drouot-Richelieu, un autre événement à l’argument commercial particulièrement alléchant pour les amateurs d’art égyptien : la SVV Choppin de Janvry & associés, assistée de l’expert M. Slitine, dispersait les objets égyptiens ayant appartenu à l’illustre Mariette Pacha (1821-1881), fondateur du Musée du Caire et du Service des antiquités, et rapportés par son ami Ambroise Baudry (1838-1906), architecte confirmé et frère cadet du peintre Paul Baudry. Vedette de la vacation, un bronze égyptien, à belle patine rouge luisante avec des restes d’incrustations de feuilles d’or, représentant Anubis, le dieu à tête de chacal, debout et marchant sur un socle rectangulaire inscrit, datant de l’époque saïte (663-525 av. J.-C.), a été adjugé 62 500 euros, le double de son estimation basse, avant d’être immédiatement préempté par le Musée du Louvre. Un bronze égyptien de la Basse Époque (711-332 av. J.-C.), représentant le dieu Osiris dans sa position momiforme, coiffé de la couronne atef flanquée de l’Uraeus, paré de sa barbe postiche et tenant ses attributs – le sceptre héqa et le fouet néheh –, a été adjugé dans son estimation à 59 000 euros. 90 % des 216 lots ont trouvé preneurs. De toute évidence, le marché de l’archéologie est en bonne santé.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Ramsès III au sommet
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°168 du 4 avril 2003, avec le titre suivant : Ramsès III au sommet