Ventes aux enchères - Trésors nationaux

Quinze préemptions pour les musées français à la vente du Comte de Paris

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 2 octobre 2015 - 615 mots

PARIS [02.10.15] – Lors d’une vente de plus de 230 œuvres provenant des collections du Comte de Paris, descendant de Louis XIII, les musées français se sont particulièrement illustrés en préemptant quinze trésors des rois de France. Le Château de Versailles s’est porté acquéreur du plus grand nombre de lots.

C’est une vente exceptionnelle qui a eu lieu chez Sotheby’s les 29 et 30 septembre. Celle de plus de 230 œuvres, peintures, dessins, meubles et souvenirs, provenant des collections du Comte de Paris (1908-1999) et de la Comtesse de Paris (1911-2003), descendants du roi Louis XIII. Avec un résultat de 6,2 millions d'euros, la vente a dépassé les prévisions malgré l'absence de trois pièces exceptionnelles de la succession, classées "trésors nationaux" et interdites de sortie du territoire.

Quinze préemptions publiques ont été exercées par le Musée du Louvre, le Château de Versailles, le Musée de la Légion d’honneur, le Château d’Eu, et le Musée Condé, qui n’ont pas raté cette occasion d’acquérir des trésors des rois de France.

Le Château de Versailles s’est particulièrement illustré en préemptant six lots, notamment une huile sur toile de Nicolas-Bernard Lépicié, Portrait de Philippe-Égalité berçant le duc de Valois, futur Louis-Philippe, vendue 231 000 euros, un record mondial pour cet artiste. Les autres œuvres acquises par Versailles sont également des portraits de membres de la famille royale, notamment deux Horace Vernet représentant le duc d’Orléans et le duc de Chartres et un tableau d’Eugène Isabey représentant la naissance de Louis Philippe, ou des moments importants de l’histoire de France, comme Le Conseil de guerre du 26 juin 1972 à Courtrai (école française du XIXe siècle).

Le Musée du Louvre a quant à lui acquis l’importante aquarelle avec des rehauts de gouache d’Eugène Lami, représentant Une soirée chez le duc d’Orléans en 1843, dans laquelle on peut reconnaitre de nombreux personnages historiques, pour 57 500 euros.

Le Musée de la Légion d’Honneur a réalisé deux achats, avec un tableau de Nicolas Gosse représentant Le roi Louis-Philippe recevant l’ordre de la Jarretière, et un collier de l’Ordre du Saint-Esprit, provenant probablement de Louis-Philippe d’Orléans.

Le château d'Eu s’est porté acquéreur de quatre lots, dont le dessin préparatoire pour la tête du duc de Valois de Lépicié, et une étude pour le débarquement de la reine Victoria au Tréport en 1843 d’Isabey. Ancienne résidence d’été du roi Louis-Philippe, qui y reçut deux fois la reine Victoria, classé Monument Historique depuis 1985, le domaine est maintenant propriété de la ville d’Eu et abrite depuis 1973 le Musée Louis-Philippe.

Quant au Musée Condé, il a préempté une autre aquarelle d’Eugène Lami, représentant Ali Baba. Ainsi ces musées ont privilégié les œuvres majeures du point de vue de l’Histoire de France.

Les trois trésors nationaux qui n'ont pas été présentés à la vente sont le manuscrit des comptes du château d'Amboise de 1495 et 1496, le portrait de Louise-Marie-Adelaïde de Bourbon Penthièvre, Duchesse d'Orléans, par Elisabeth Vigée-Lebrun, et celui de Louis XIII par Philippe de Champaigne. Se substituant à l'Etat, la Banque de France se serait porté acquéreur des deux portraits, selon Le Figaro, mais Sotheby's n'a pas confirmé cette négociation.

La collection avait été intégralement léguée par voie de donation par Henri d’Orléans, comte de Paris, à la Fondation Saint-Louis, le 28 juin 1976. Il entendait ainsi déshériter tous ses enfants, avec lesquels il a été en conflit jusqu'à son décès en 1999. Au terme d'une longue bataille, la justice a finalement décidé la restitution aux dix héritiers des « biens historiques du trésor des rois de France », leur spoliation manifeste par leur aïeul ayant été reconnue en dernière instance. La vente aux enchères était la seule issue pour assurer un partage équitable.

Légende photo

Eugène Lami (1800-1890), Une soirée chez le duc d’Orléans, 1843, Aquarelle avec rehauts de gouache sur papier - 35 x 57,2 cm, préempté par le Musée du Louvre - Estimation 15 000 / 25 000 € - Adjugé 57 500 € - Vente Sotheby's Paris du 29 et 30 septembre 2015 © Photo Sotheby's

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