Le marché de la photographie poursuit son envolée outre-Atlantique où se concentrent la plupart des collectionneurs.
NEW YORK - Le prix des tirages est encore à la hausse à New York où Sotheby’s et Christie’s ont tenu leurs grandes ventes automnales les 15 et 16 octobre. Après une excellente saison d’avril, Sotheby’s continue sur sa lancée avec 83,7 % de lots vendus et près de 95 % en valeur, soit 4,7 millions de dollars (3,6 millions d’euros) de recette. La galerie Howard Greenberg (New York) a emporté pour 198 400 dollars (155 190 euros), le record pour une photographie de Robert Frank, Hoboken, tirée de sa série The Americans. Deux photos de Diane Arbus caracolent en tête de cette vente du 15 octobre sans pour autant égaler le record du 27 avril de 478 400 dollars pour une épreuve des jumelles (Identical Twins), toujours chez Sotheby’s. « Eddie Carmel, a Jewish Giant, vendu 388 400 dollars, est le lot le plus cher de la saison et l’un des meilleurs prix pour Diane Arbus, se réjouit Denise Bethel, qui dirige le département Photo de Sotheby’s New York. En proposant un catalogue très sélectif, nous avons aussi enregistré le meilleur taux de vente. » Il est vrai que la maison de ventes américaine a pris quelques longueurs d’avance sur ses concurrentes.
La société de Simon de Pury a perdu de son crédit avec l’échec cuisant de la collection Novak. Surestimée, celle-ci a été dispersée les 22 et 23 avril 2004 à New York chez Phillips avec environ 76 % de lots ravalés, ce qui a conduit au départ du spécialiste Philippe Garner.
Christie’s, après avoir connu un premier semestre très moyen, tire cette fois-ci son épingle du jeu avec une vente plus qu’honorable : 71 % de lots vendus pour 4,7 millions de dollars (76 % de l’estimation prévue). Et surtout un défilé de nouveaux records, notamment 253 900 dollars pour un tirage de 1980 de Memphis (1970) par William Eggleston ; 242 700 dollars pour le fameux Calla Lily signé Mapplethorpe et 101 575 dollars pour un tirage tardif d’Harlequin Dress (Lisa Fonssagrives-Penn), New York, 1950 par Irving Penn.
Christie’s s’est même offert la coquetterie de céder une petite sélection de 79 photos modernes et contemporaines issues de la collection Elton John, mises pour la première fois sur le marché le 14 octobre. « Estimées indépendamment de la provenance », dixit l’expert, elles ont presque toutes été vendues, pour un total de 900 790 dollars. Ce contrat a été décroché par Josh Holdeman, nouvellement arrivé chez Christie’s à la tête du département international de photographie à New York. Ce spécialiste aguerri, fondateur du département Photo de la maison Phillips en 2001, a eu le temps de travailler au catalogue de la vente du 16 octobre de Christie’s . Il n’est pas étranger au redressement des résultats de l’écurie Pinault outre-Atlantique. Il devrait former un duo de choc avec Philippe Garner, tout juste transféré à Londres chez Christie’s pour superviser les ventes de photos. L’auctioneer était jusqu’à présent en panne d’experts compétents. « Quand je suis arrivé chez Christie’s, il y avait des choses à faire », admet Josh Holdeman avec un sens certain de la litote. Une nouvelle concurrence que devra affronter Denise Bethel (seize ans de maison chez Sotheby’s, après dix années passées chez l’auctioneer new-yorkais Swann Galleries). Dans un marché en pleine expansion, il semble aujourd’hui essentiel de confier le médium photo à de grands stratèges.
Ascension des prix
Quant à la maison Phillips, de Pury & Co., recentrée sur la photographie contemporaine, elle a engagé Rick Wester, qui a débuté sa carrière chez Christie’s avant de travailler pour les galeries Gagosian puis Howard Greenberg.
À chaque saison, une pluie de prix toujours plus forts avec leur lot de records accompagnent les ventes bisannuelles de New York, où 90 % des échanges commerciaux se font entre Américains. Les plus gros marchands sont en lice pour acheter pour leur compte ou en tant qu’intermédiaires pour des collectionneurs, à l’instar des galeries Howard Greenberg et Peter Macgill (New York), Fraenkel (San Francisco) ou encore Robert Klein (Boston). « Le marché est en forte croissance, témoigne Josh Holdeman. Pour Eggleston par exemple, on a vu cinq records depuis octobre 2002. D’autres artistes, encore sous-estimés, rattrapent peu à peu leur valeur tel Garry Winogrand dont une image, Los Angeles, California, 1964 (en couverture du catalogue du 16 octobre), a fait 33 460 dollars, trois fois son estimation. » Selon Denise Bethel, « les prix pour la photographie moderne n’ont pas fini de grimper. Le record du monde pour une photo de Walkers Evans adjugée chez nous, 198 400 dollars le 27 avril 2004, est précisément le tirage que nous avons vendu 95 600 dollars en octobre 2002. » Les grandes expositions institutionnelles de photographies qui se succèdent sur le territoire américain participent de cette course aux valeurs photographiques qui récompense d’abord les icônes vues dans les musées. Ainsi des prix actuels pour Diane Arbus, à mettre en rapport avec l’exposition américaine itinérante de son travail qui a démarré en 2003 au SFMoMA à San Francisco.
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Prix record pour Robert Frank
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°202 du 5 novembre 2004, avec le titre suivant : Prix record pour Robert Frank