Après l’exposition consacrée à Jean-Michel Frank, la galerie Willy Huybrechts, installée depuis deux ans rive Gauche, rue Bonaparte à Paris, rend hommage au créateur élégant et raffiné des années 1930, Eugène Printz (1889-1948).
PARIS - Le nom de Printz est souvent associé à une munificence discrète et un perfectionnisme sourcilleux. Cet « ébéniste, fils d’ébéniste », qui agissait davantage en praticien qu’en théoricien, a réalisé de somptueux décors pour une clientèle haut de gamme, de la maison de Jeanne Lanvin à l’appartement de la princesse de la Tour d’Auvergne, des décors de théâtre pour Louis Jouvet à l’aménagement du salon du maréchal Lyautey au Musée des Colonies (actuel Musée des Arts africains et océaniens). Plusieurs éléments caractérisent sa marque de fabrique : des essences exotiques avec une nette prédilection pour le bois de palmier, l’oxydation du cuivre à l’éponge qui confère au métal un aspect nuagé, un goût pour les constructions géométriques à la limite parfois du déséquilibre, l’emploi raffiné de la laque et de la dinanderie grâce à une collaboration fructueuse avec Jean Dunand. « Pour moi, Printz est un créateur à part. On peut certes le comparer à Ruhlmann pour la qualité de ses réalisations, mais Ruhlmann avait quelque chose de bourgeois, avec des réminiscences Louis XVI, alors que Printz est un vrai moderniste. Au niveau de la structure, il est plus proche de Chareau mais ce dernier est avant tout un architecte alors que Printz est un décorateur. En ce qui concerne le marché, on ne trouve pas grand-chose actuellement peut-être parce qu’il préférait les séries limitées aux profusions de modèles identiques », explique Willy Huybrechts, qui a collecté pendant trois ans les pièces présentées dans sa galerie.
Vers une vraie reconnaissance
Les créations délicates de Printz sont jalousement conservées par les collectionneurs. « Printz a une production variée qui traverse les deux guerres. Les modèles produits vers la fin de sa vie annoncent le style des années 1950. C’était un vrai visionnaire. Sa cote est mois élevée que celle de ses contemporains car on voit rarement des pièces exceptionnelles passer sur le marché. On a rattrapé les choses avec Jean-Michel Frank, Paul Dupré-Lafon. C’est aujourd’hui le tour de Printz d’acquérir une vraie reconnaissance », analyse l’expert Jean-Marcel Camard.
L’exposition organisée par Willy Huybrechts présente des meubles emblématiques de la production d’Eugène Printz, harmonieusement combinés avec huit objets en dinanderie de Maurice Daurat et cinq bronzes de Joseph Bernard. Parmi les vingt pièces de Printz, dont la fourchette de prix s’étend de 200 000 à 2 millions de francs, trois meubles se distinguent. Une commode en placage de palmier, commande spéciale de la princesse de la Tour d’Auvergne, constitue la pièce maîtresse de l’exposition. Acquise en novembre dernier dans une vente organisée par l’étude Tajan, elle est proposée pour 2 millions de francs. Une petite table géométrique en placage de kekwood, associant lignes brisées et angles droits, est présentée pour la somme de 800 000 francs.
Le galeriste déploie également une table-bibliothèque en placage de palmier, articulée en cinq éléments, pour 1,2 million de francs. Ce modèle, fonctionnel et relativement courant, bénéficie toujours d’une cote de popularité. Ces deux dernières années, pas moins de cinq meubles de ce genre sont passés aux enchères, les adjudications oscillant entre 320 000 francs pour un modèle en trois éléments en acajou, et 360 000 francs pour la version en noyer. Gageons que cette exposition servira de coup de projecteur pour un artiste à la cote injustement en retrait.
Du 20 octobre au 20 novembre 2001, galerie Willy Huybrechts,10 rue Bonaparte, 75006 Paris, tél. 01 43 54 29 29, mardi au samedi de 11h à 19h.
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Printz, le visionnaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°135 du 26 octobre 2001, avec le titre suivant : Printz, le visionnaire