Le calendrier des ventes aux enchères est éminemment stratégique.
En 2005, Christie’s et Sotheby’s ont organisé respectivement 632 et 387 vacations dans le monde. Dans ce calendrier vite engorgé, le choix des dates de ventes est éminemment stratégique. Les contraintes sont multiples. Il faut veiller à ce que des ventes d’une même spécialité ne se déroulent pas simultanément dans des villes différentes, ménager suffisamment de temps entre les ventes de prestige, éviter les fêtes religieuses… Un vrai casse-tête !
Les dates les mieux rodées sont celles des sessions d’art moderne et contemporain, en février et juin à Londres et mai et novembre à New York. Comme l’indique Grégoire Billault, spécialiste de Sotheby’s, l’écart entre ces ventes permet de bénéficier des bons résultats de la vacation précédente pour glaner des pièces ou corriger, voire relever les estimations. Bien que la vente londonienne de juin talonne de près celle de mai à New York, elle reste opportune en coïncidant avec la Foire de Bâle et, une année sur deux, avec la Biennale de Venise.
Dans un marché très cadencé, le déplacement d’une vacation bouleverse les esprits. La décision de Christie’s d’organiser sa vente new-yorkaise de tableaux anciens le 6 avril plutôt qu’en janvier a déstabilisé les marchands habitués à s’approvisionner dans la perspective de la foire de Maastricht. Bien que des raisons météorologiques aient été invoquées, le changement tient plutôt à la difficulté à trouver des pièces. Mais le mois d’avril semble a priori peu propice, les exposants et les clients de la Tefaf n’étant plus forcément acheteurs. Directrice du développement de Christie’s France, Emmanuelle Vidal rappelle toutefois que lorsque la maison a décalé ses ventes londoniennes d’art moderne et contemporain de décembre à février, elle avait suscité un tollé similaire.
Sotheby’s ne s’est pas moins alignée sur le nouvel almanach. Pour l’heure, cette dernière reste attachée au mois de janvier pour les tableaux anciens. La concurrence de Christie’s en avril la conduira peut-être à supprimer sa vente intermédiaire de tableaux anciens en mai à New York. Le spécialiste Nicolas Joly précise toutefois que les ventes intermédiaires restent importantes, car les clients n’acceptent pas de patienter six mois entre chaque rendez-vous. Le choix d’une date ne répond pas seulement à une maximalisation du calendrier, mais aussi aux attentes des vendeurs. Pour ne pas les faire languir, et éviter qu’ils ne soient captés par ses concurrentes, Phillips lancera prochainement des ventes à Londres.
Paris n’étant que la troisième roue du carrosse, les auctioneers doivent à la fois s’adapter aux temps forts existants en juin et décembre et ne pas compromettre leurs autres dispersions à l’étranger. L’art contemporain a donc été aiguillé en juillet, clôturant le bal de New York et Londres. Les acteurs parisiens préconisent souvent de quitter les agendas rebattus. Le commissaire-priseur Jean-Claude Binoche profite ainsi des périodes creuses comme fin janvier ou septembre pour offrir un petit bouquet de pièces choisies.
Qui dit nouveau marché dit enfin nouvelles niches dans le calendrier. Pour sa vente d’art contemporain chinois du 31 mars à New York, Sotheby’s a dû ménager une semaine d’écart avec celle du 8 avril à Hongkong, ce pour ne pas épuiser les troupes réquisitionnées sur les deux fronts. De son côté, Christie’s a fait coïncider sa vente inaugurale à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 24 mai avec… le salon de la mode islamique ! Cherchez la logique.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : Prendre date