En ouvrant le bal des foires d’art contemporain, Arte Fiera va donner le pouls du marché italien.
BOLOGNE - Ouvrir la ronde des foires en pleine année de crise est un exercice difficile. En misant sur son ancienneté, Arte Fiera, la foire d’art moderne et contemporain de Bologne, se sent assez armée pour résister à la houle. « Arte Fiera souffrira moins de la récession que d’autres événements comme Frieze [Londres] ou Artissima [Turin], orientés sur les dernières tendances de l’art actuel, indique Silvia Evangelisti, directrice du salon. Arte Fiera comme la FIAC [Paris] ou l’ARCO [Madrid] est plus classique et moins affectée par les changements de mode. Les collectionneurs italiens sont connaisseurs et passionnés et n’ont pas laissé tomber leurs achats en matière d’art. » Certes, mais les acheteurs de la Botte n’ont pas beaucoup brillé par leur présence ces deux derniers mois dans les grands rendez-vous de l’art contemporain. « C’est vrai qu’ils ont ralenti leurs achats, admet Silvia Evangelisti. Mais ils s’avèrent en bonne santé, ne sont pas excessivement prudents parce qu’ils n’ont pas succombé à l’irrationnel dans lequel étaient tombés beaucoup de collectionneurs internationaux. Ils n’ont jamais été parmi ceux qui s’habillaient en ouvrier pour entrer dans des salons avant les autres… » Pour Lydie di Meo (Paris), qui compte mettre l’accent sur les petits tableaux de Fautrier, les clients italiens restent encore captifs. La galerie di Meo avait même réalisé la quasi-totalité de ses ventes sur la FIAC avec les aficionados transalpins.
Il faut généralement du mollet pour parcourir la succession de halls, réduits à trois cette année, et dénicher dans l’océan de propositions quelques prises intéressantes. Une telle dilatation de l’offre rend le commerce plus ardu. « C’est toujours plus facile d’offrir de la qualité avec 115 galeries plutôt que 230, mais ces trois dernières années, la situation s’est améliorée, affirme Alfonso Artiaco (Naples). On ne peut pas juger d’une foire sur la seule semaine de l’événement, mais sur les retombées pendant un an. » Pour certains exposants étrangers, l’impact commercial n’est pas négligeable. Guy Bärtschi (Genève), qui revient avec notamment Per Barclay, Marina Abramovic, Wim Delvoye et Georges Rousse, réalise en moyenne un chiffre d’affaires de 150 000 euros sur le salon. Mais n’est-il pas hasardeux pour une galerie étrangère de s’aventurer sur une foire où les affaires sont irrégulières ? « Je ne postule plus pour les salons, explique Magda Danysz (Paris) en prévoyant une exposition personnelle de JonOne. J’ai hésité pour Bologne, mais j’ai des clients fidèles que je ne vois qu’une fois par an là-bas et qui représentent 10 % de mon chiffre d’affaires. En revanche, je prends un plus petit stand. »
On peut aussi se demander si depuis la prise d’Artissima par Andrea Bellini, Arte Fiera ne s’est pas fait souffler la vedette. « Une partie seulement des collectionneurs du Nord de l’Italie se rend à Turin, alors que tous les collectionneurs italiens, même du Sud, viennent à Bologne », réplique Alfonso Artiaco. Si à Turin ce dernier avait misé sur ses plus jeunes poulains, il prévoit plutôt à Bologne des œuvres de Penone, Giovanni Anselmo ou Sol LeWitt. Bref, du solide car à Bologne comme ailleurs, les collectionneurs se replient sur les valeurs sûres.
ARTE FIERA, 23-26 janvier, Bologna Exhibition Center, www.artefiera.bolognafiere.it, les 23, 24 et 25 11h-19h, le 26 11h-17h.
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Abonnez-vous dès 1 €Directrice : Silvia Evangelisti
Nombre d’exposants : 212
Tarif des stands : 240 euros pour le programme général, 155 euros pour les jeunes galeries
Nombre de visiteurs en 2008 : 50 000
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°294 du 9 janvier 2009, avec le titre suivant : Premier rendez-vous