Depuis quand existe le département Cartier Tradition, en charge de l’activité commerciale d’achat et de vente de pièces Cartier vintage ?
Cartier Tradition est l’appellation récente d’une activité qui a toujours existé et qui, depuis 1996, s’est développée au niveau international, aussi bien pour les achats que pour la vente des créations anciennes Cartier. L’activité du département Cartier Tradition est basée à Genève. Les pièces dûment authentifiées et éventuellement restaurées sont confiées périodiquement à certaines boutiques de joaillerie Cartier, entre autres Beverly Hills, Hongkong, Londres, Moscou, Milan, New York, Paris, Saint-Moritz, Taïpeh, Tokyo. Des présentations temporaires sont régulièrement organisées à travers le monde. Cartier Tradition participe ainsi à la Biennale des Antiquaires de Paris et à la foire Art Basel Miami Beach.
Le développement de Cartier Tradition est-il lié à la demande croissante pour les bijoux vintage ?
Oui bien sûr, mais ce développement est limité à la quantité de pièces disponibles que nous pouvons acheter aux particuliers, en ventes publiques, ou encore aux marchands spécialisés.
Quel est l’intérêt d’acheter des créations anciennes chez Cartier plutôt qu’en ventes publiques ?
Face au grand nombre de pièces à l’origine incertaine et parfois fortement modifiées, en circulation dans le commerce ou dans les maisons de ventes aux enchères, seul Cartier peut offrir une véritable garantie concernant l’authenticité, la qualité et l’état de ses créations. Chaque pièce Cartier Tradition est accompagnée d’un certificat d’authenticité et a été soigneusement identifiée et éventuellement restaurée en respectant les indications fournies par le fonds d’archives de la Maison. Toutes nos pièces ont été photographiées systématiquement à partir de 1906. Avant cette date, nous disposons de descriptifs extrêmement détaillés sur le dessin des pièces, le poids et la nature des pierres…
Les bijoux Cartier proposés aux enchères ne sont-ils pas authentifiés par Cartier ?
Les maisons de ventes aux enchères travaillent souvent très vite. Nous leur fournissons ce service en amont lorsqu’elles le sollicitent. Mais nous refusons de certifier une pièce sur photo, sans l’avoir eue en main.
Quel est le goût actuel des amateurs de bijoux vintage ?
Le goût évolue énormément. La clientèle est variée et s’intéresse à des périodes différentes. Il ne faut pas négliger l’influence des publications qui, en insistant sur les créations du début du XXe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ont pendant longtemps accentué l’image de Cartier comme parangon du style moderne. Aujourd’hui, nous avons une demande en augmentation pour les pièces d’après 1937, notamment les bijoux figuratifs, à l’instar de la célèbre Panthère créée en 1948. L’attrait d’une certaine clientèle pour les bijoux des années 1970 qui prônent le retour du sautoir dans des matériaux très colorés (or jaune, corail, onyx…), nous pousse, par exemple, à nous intéresser à des pièces de cette époque.
Quel a été le succès des pièces anciennes que vous présentiez en septembre à la Biennale des Antiquaires de Paris ?
Durant la Biennale, nous avons vendu 80 % des pièces Cartier Tradition à des acheteurs de tous les continents, sauf à notre clientèle du Moyen-Orient en raison du Ramadan. Les prix allaient de quelques dizaines de milliers d’euros à plusieurs millions d’euros pour le mythique collier de chien de feu le Maharajah Bhupinder Singh de Patiala. Créée par Cartier Paris en 1928, cette pièce unique compte 699 diamants pour environ 160 carats, dont sept grands diamants de taille ancienne pesant de 4,01 à 20,79 carats.
La crise financière a-t-elle un impact sur le commerce de la haute joaillerie vintage et contemporaine ?
Tout ce qui est exceptionnel se vendra toujours, que ce soit un bijou, un tableau ou un objet d’art. À titre personnel, le 13 octobre dernier, je me suis intéressé à un vase Sybilla en porcelaine de Sèvres de 1994 d’Ettore Sottsass, estimé 2 500 euros chez Artcurial. Or, il a été adjugé 5 355 euros, plus du double de son estimation.
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Pierre Rainero
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : Pierre Rainero