Le marché parisien retrouvera-t-il un peu de vigueur dans la foulée de Photo London ? Trois maisons de ventes en font le pari.
PARIS - Trois maisons de ventes aux enchères parisiennes se sont associées pour créer fin mai un rendez-vous autour de la photographie ancienne, moderne et contemporaine. Ce panachage est nécessaire à l’heure où les tirages XIXe n’attirent qu’un petit nombre d’amateurs. Cette initiative demeure cependant ardue, à six mois du salon Paris Photo, le seul événement qui réussit à drainer les collectionneurs internationaux dans la capitale. « Les vendeurs préfèrent souvent attendre novembre pour céder leurs tirages. Du coup, les ventes d’automne tendent à se démarquer, tirées vers le haut par la locomotive Paris Photo, admet Grégory Leroy qui dirige le département photographie chez Artcurial. Mais nous avons une chance cette année de faire venir les collectionneurs. Avec l’arrivée de Piasa, nous sommes passés de deux à trois ventes, soit mille lots de photographies qui donnent du poids au marché parisien. La saison débute chez nous le 22 mai, au lendemain de la clôture de Photo London. » Du salon Photo London – créé en 2004 à Londres – et sa quinzaine d’exposants internationaux en photographie de toutes époques (et vidéo) aux ventes parisiennes, il n’y a qu’un bras de mer à franchir. À condition de disposer d’un choix de photographies capable de séduire les collectionneurs américains.
Artcurial annonce la couleur de son programme : le « Retable Lumière », d’une rareté insigne, se compose de vingt-deux œuvres des frères Lumière rassemblées dans un cadre. Estimée 70 000 euros, cette merveille technologique de l’époque de l’autochrome dont nul musée au monde ne possède d’équivalent a été présentée à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910. Le Retable pourrait intéresser une institution américaine. Le portrait par photostéréosynthèse du président du Conseil Alexandre Millerand en 1920, estimé 50 000 euros, premier essai de photographie en relief constitué de six photographies sur verre montées dans une boîte en bois, est une autre prouesse technique de Louis Lumière. « Parmi la quinzaine d’essais qui furent faits à l’époque, celui-ci est l’un des seuls à avoir survécu. L’appareil n’a jamais été retrouvé », précise l’expert de la vente. Le marché international pourra aussi se régaler d’une quinzaine de tirages datés avant 1965 d’Henri Cartier-Bresson dont quelques clichés mythiques des années 1930, estimés 4 000 euros l’unité ; d’un ensemble de photos d’Irving Penn estimées 5 000 euros chacune ainsi que d’un bel exemplaire d’Orchid de 1986 par Mapplethorpe, estimé 15 000 euros. Autour de cette sélection ont été réunies des épreuves signées Doisneau, Ronis ou Brassaï qui constituent le cœur des ventes parisiennes pour amateurs européens. S’ajoute à cela une petite section contemporaine incluant des pièces de Richard Avedon, Shirin Neshat ou David Levinthal, l’un des photographes américains les plus importants de sa génération et dont les œuvres sont très rares sur le marché.
Chronophotographies
L’éclectisme est aussi de mise chez Piasa dont la vente inaugurale sous la houlette de Delphine de Courtry, avec l’assistance de l’expert Yves Di Maria, se déroulera le 23 mai. Sont notamment à découvrir un très rare ensemble de chronophotographies d’Étienne-Jules Marey, autour de 1 500 euros pièce, et un exceptionnel tirage de 1981 de 1 m x 1 m signé Helmut Newton, Nu dans les algues à Saint-Tropez. Estimée 60 000 euros, cette épreuve gélatino-argentique, un tirage unique, a été réalisée à l’occasion de la première exposition personnelle de l’artiste à la Galerie Daniel Templon, à Paris, en 1981.
Pour souligner l’importance de la place de la photographie sur le marché parisien, plusieurs lots de la vente du 24 mai menée par l’expert Viviane Esders seront exposés aux Temps Forts de Drouot du 16 au 21 mai, comme Gare de Namur, 17 août 1938, un tirage au bromoïl de Léonard Misonne, estimé 4 000 euros ; Brouillard à Paris, une image d’époque prise avenue de l’Observatoire par Brassaï en 1933 et estimée 4 000 euros ; Rien dans le puits du Nord (1935), de Man Ray, un tirage argentique d’époque de provenance Lise Deharme, estimé 10 000 euros, ou encore Intersection, Knoxville, Tennessee, 1952, un vintage d’Umbo issu de la succession du photographe et estimé 8 000 euros.
- UN SIÈCLE DE PHOTOGRAPHIE DE L’AUTOCHROME AUX ICÔNES DE LA MODERNITÉ, vente le 22 mai à l’hôtel Dassault, 7, Rond-Point des Champs-Élysées, 75008 Paris, tél. 01 42 99 20 20 ; exposition du 18 au 22 mai 11h-18h. - PHOTOGRAPHIES ANCIENNES, MODERNES ET CONTEMPORAINES, vente le 23 mai à Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Piasa, tél. 01 53 34 10 10 ; exposition le 22 mai 11h-18h et le 23 mai 11h-12h. - PHOTOGRAPHIES, vente le 24 mai à Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Le Mouël, tél. 01 47 70 86 36 ; exposition le 23 mai 11h-18h et le 24 mai, 11h-12h.
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Abonnez-vous dès 1 €Artcurial - Expert : Grégory Leroy - Estimation : 600 000 euros - Nombre de lots : 310 SVV Piasa - Expert : Yves Di Maria - Estimation : 700 000 euros - Nombre de lots : 387 SVV Le Mouël - Expert : Viviane Esders - Estimation : 380 000 - Nombre de lots : 306
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°237 du 12 mai 2006, avec le titre suivant : Photos de charme