Phillips, l’auctioneer britannique né il y a plus de deux cent ans, a consolidé sa position en Amérique du Nord en multipliant implantations et ventes, tout en créant huit nouveaux départements. Il devrait réaliser aux États-Unis, en 1998, environ 180 millions de francs de chiffre d’affaires.
NEW YORK (de notre correspondante) - Fondée il y a 202 ans, la maison de vente londonienne Phillips avance ses pions en Amérique du Nord. Avec un chiffre d’affaires de 14 millions de dollars (84 millions de francs) – plus du double des résultats escomptés pour le premier semestre 1998 – ce spécialiste des ventes de bijoux, autrefois moins dynamique, apporte aujourd’hui un nouvel éclat au marché de l’art new-yorkais.
“Nous avons réussi à établir une base solide en très peu de temps”, déclare Paul Roberts, président de Phillips Amérique du Nord, depuis son bureau de la 79e Rue Est, sept blocs au nord de Sotheby’s. Il prévoit un chiffre d’affaires de 30 millions de dollars (180 millions de francs) d’ici fin janvier 1999, et compte bien faire de sa société la troisième maison de vente internationale de New York, derrière Christie’s et Sotheby’s, même si le total des ventes réalisées par Phillips n’approche pas le leur.
La confiance de Paul Roberts s’explique en partie par le fait que Phillips – même si elle ne peut être comparée avec les deux premières maisons de vente qui embrassent chacune quelque quatre-vingts spécialités – vient d’élargir le champ de ses activités en créant huit nouveaux départements : mobilier, arts décoratifs du XXe siècle, tableaux impressionnistes, art d’Extrême-Orient, photographie, vins, philatélie, et textiles. Phillips est ainsi passée de six à vingt-huit ventes en une seule année. Nombre de ces vacations étaient de grande qualité, telle la vente de peintures impressionnistes et contemporaines qui s’est tenue à New York le 12 mai : un Monet a été enlevé à 2,75 millions de dollars (16,5 millions de francs), tandis que le produit total s’élevait à 4,8 millions de dollars. Phillips a en outre effectué son retour sur le marché de la photographie après plus de dix ans d’absence, en réalisant 993 000 dollars (5,9 millions de francs) de ventes. L’auctioneer s’est également forgé une solide réputation dans le domaine des arts décoratifs du XXe siècle.
Des records mondiaux
Ces belles ventes ont permis à Phillips d’établir une série de records mondiaux : par exemple, 266 500 dollars (1,5 million de francs) pour un tableau de N.C. Wyeth, ou encore 145 500 dollars pour un tirage argentique de Lee Miller.
Phillips avait su autrefois s’attacher la clientèle de quelques têtes couronnées, comme la reine Victoria, Marie-Antoinette ou Napoléon. Aujourd’hui, Paul Roberts veut séduire un public plus large, pour que lui soient confiées à la vente des collections personnelles d’une valeur de 500 000 dollars (3 millions de francs). L’auctioneer ne s’est pas limité à la côte Est. En avril, il a racheté Selkirks, la plus grande maison de vente de Saint-Louis, dans le Missouri, dont le chiffre d’affaires annuel est de plus de 5 millions de dollars (30 millions de francs). Fondée en 1830, elle couvre Indianapolis, Kansas City, Louisville, Nashville et Oklahoma City. Pour diriger ce poste avancé du Midwest, Phillips a engagé Kathleen Guzman, ancienne présidente de Christie’s East. Pour Paul Roberts, le succès de la maison de vente auprès des clients du Midwest est dû au fait “qu’ils peuvent accéder à notre marché international par l’intermédiaire de nos salles à New York, Londres, Genève et Sydney”. En Grande-Bretagne, elle s’est fait un nom en créant un solide réseau d’une quarantaine de petites salles de vente, de Bath à Winchester. La stratégie y est différente : “Notre objectif actuel est de créer moins d’unités, mais de plus grosse taille”, précise Paul Roberts qui a visité pratiquement toutes les maisons de vente de taille moyenne du pays. Même si Phillips ne dispose pas officiellement d’un département immobilier comme Sotheby’s, l’auctioneer est en relation avec le Corcoran Group, dont les ventes ont approché le milliard de dollars en 1997. Par ailleurs, Paul Roberts indique que la possibilité de proposer des prêts et des garanties est actuellement à l’étude, afin de créer des services financiers comparables à ceux proposés par Sotheby’s et Christie’s.
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Phillips en plein essor
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : Phillips en plein essor