Contre toute attente, le marché de l’art tire son épingle du jeu des fluctuations des marchés financiers. Une récente étude réalisée par le département d’économétrie d’Artprice confirme la tendance.
PARIS - “Nous manquons cruellement de marchandises mais d’un autre côté, tout se vend”, ont pu constater depuis quelques mois à Drouot plusieurs commissaires-priseurs. Une diminution du nombre d’œuvres proposées à la vente, une baisse du taux d’invendus et une hausse des prix, ont également été constatées à l’occasion d’une étude portant sur la peinture, la sculpture, le dessin, l’estampe et la photographie, réalisée à l’échelle mondiale par Artprice sur le premier trimestre 2002. D’après l’indicateur du leader mondial des cotations sur le marché de l’art, le volume des transactions aurait baissé de 20,26 % par rapport au premier trimestre 2001 et, dans le même temps, le taux d’objets invendus aurait chuté de 3,59 % tandis que les prix progresseraient de 4,16 % grâce à une demande soutenue. Au total, le chiffre d’affaires réalisé aux enchères pour ces catégories d’objets aurait subi un recul de 6 % en comparaison avec le chiffre atteint sur les trois premiers mois de l’année 2001. La tendance se vérifie au sein de la société du premier opérateur français des ventes publiques : “Nous avons maintenu à peu près le même nombre de ventes et de lots mais notre chiffre d’affaires du premier trimestre 2002 accuse une petite baisse, soit 8,2 millions d’euros contre 8,8 millions l’an dernier, indique François Tajan. Selon le commissaire-priseur, les belles œuvres se raréfient et les achats se reportent sur les pièces de moyenne qualité qui à leur tour deviennent moins nombreuses. Tout cela entraîne une augmentation des prix.” Guillaume Dillée, l’un des principaux experts en mobilier de la place de Paris, parle aussi de “volume d’affaires réduit” dans sa spécialité. Et il ajoute que “la baisse des frais vendeurs n’a pas encore porté ses fruits. Les propriétaires d’objets d’art et de mobilier préfèrent attendre”. Le contexte électoral, les RTT ajoutées aux jours fériés du mois de mai, et le récent passage à l’euro contribuent au calme ambiant régnant à Drouot. D’autre part, les antiquaires mettent de côté toutes les belles pièces qu’ils peuvent trouver afin de briller dans les plus grands salons. Enfin, contrairement aux fréquentes prédictions des analystes, le marché de l’art ne suit plus totalement les aléas des marchés boursiers. Si, en période d’euphorie, les amateurs achètent des œuvres d’art, en cas de crise financière, les secteurs sécurisants comme l’art ancien et le mobilier XVIIIe siècle sont devenus pour les gros portefeuilles une valeur refuge, d’où le maintien de la demande. Le mois de juin, durant lequel se déroulent les grandes ventes de prestige, sera un baromètre significatif.
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Pénurie de marchandises et forte demande
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°150 du 31 mai 2002, avec le titre suivant : Pénurie de marchandises et forte demande