PARIS - Pentti Sammallahti est un promeneur depuis toujours. Il arpente les territoires perdus ou vierges de sa terre natale, la Finlande ou de l’Europe du nord, de l’Est et de la Russie avec des incursions au Maroc, en Inde, au Népal, au Vietnam et au Japon ; de préférence, quand il a neigé, plu ou quand le ciel se charge de nuages ou vire au gris, au noir, et que la lumière s’accorde au divin.
Qu’il continue de se promener dans les grandes villes (Helsinki, Tallinn, Pékin, Moscou, Paris…) ou dans quelques hameaux, villages reculés, le conte, la fable peuplée régulièrement d’animaux affleurent dans ses photographies sans effets de description, concentrés par la justesse de la situation, de la pensée et de l’œil pour en extraire la simplicité poétique, voire une métaphore pétrie de grâce, d’étrangeté, d’allégories ou d’humour que les tirages argentiques virés, et sublimes, renforcent – Pentti Sammallahti tire lui-même ses photos. L’été dernier à Arles, aux ateliers SNCF, l’association du Méjan avait présenté Ici au Loin, première monographie rétrospective consacrée à l’œuvre du photographe finlandais et objet d’un ouvrage publié par un groupe d’éditeurs européens, dont Actes Sud pour la version en français. Aujourd’hui, la galerie Camera Obscura réunit quelques-uns de ses plus beaux et marquants clichés noir et blanc pris entre 1964 et 2011, période durant laquelle Pentti Sammallahti a construit une œuvre et établi sa propre mythologie dominée par une nature souveraine et un bestiaire réduit à quelques animaux, aux chiens et corbeaux en particuliers.
Fables et mythes
Échange de regards entre un corbeau immobilisé en bordure de trottoir et un homme devant sa voiture en panne, dans une rue enneigée de Moscou, ou chien trônant sur une motoneige entourée de comparses agacés ou indifférents à sa superbe, ou encore main robuste posée sur une épaule d’un homme chapeauté : les frontières franchies par Pennti Sammallahti sont ténues et sa manière parfois de mettre ses pas dans ceux de l’art primitif flamand ou de l’abstraction, sans jamais les copier, est simplement unique. Pentti Sammallathi se laisse conduire par son instinct, son attachement à la nature, aux animaux, aux êtres et par son immense culture qu’il tient à discrétion ; infiniment sensible aux scènes impromptues de la nature, d’un village aux maisons de guingois ou d’une rue, jamais troublées par le pas et l’œil du promeneur, à l’instar de la série Andante de 18 images de passants pris de profil en 1991 à Tallinn sur fond d’un même mur de tôle. De paysage en paysage, de scène en scène, le photographe finlandais a construit son propre tempo et sa propre palette de lumière, de couleurs, qui nous guident dans une éternité palpable et émouvante, synonyme d’un ailleurs lointain et pourtant si proche.
Galerie Camera Obscura, jusqu’au 19 janvier 2013, 268 bd Raspail, 75014 Paris, mardi au vendredi, 12h-19h, samedi 11h-19h ou sur rendez-vous, http://www.galeriecameraobscura.fr, hors série Ici au loin - Photographies 1964/2011, de Pentti Sammallahti, éd. Actes Sud, 256 p., 53 €
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Pentti Sammallahti, l’œil du promeneur
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°382 du 4 janvier 2013, avec le titre suivant : Pentti Sammallahti, l’œil du promeneur