PARIS
Peu connu en France, l’artiste américain expose son regard caustique sur l’écologie à la galerie High Art.
Paris. Sur le mur face à l’entrée de la galerie High Art, un grand tableau (acrylique sur toile marouflée sur bois) de Pentti Monkkonen, inséré dans des moulures fin XIXe siècle comme s’il avait toujours fait partie du décor, évoque au loin un grand bateau sur la mer, avec un ciel outremer et une mouette, et au premier plan des vagues et une bande de sable [voir ill.]. Une image de carte postale ? Pas vraiment, tant la scène n’a rien d’idyllique : le navire est un pétrolier, la mouette a certainement des hydrocarbures dans le gosier et le ciel est d’un bleu improbable. Même les moulures sont fausses puisque l’artiste, pour donner l’impression d’un cadre authentique, a fait réaliser de parfaites copies de celles présentes dans cette grande salle de l’hôtel particulier Halévy où vécut Georges Bizet. Un parfait trompe-l’œil, un pastiche caustique et un détournement subtil pour, d’une part, caricaturer un côté décoratif de la peinture, voire la peinture de décor et, d’autre part, dénoncer le désastre écologique de la raffinerie d’El Segundo, près de Los Angeles où l’artiste (né en 1975 à Minneapolis) a longtemps vécu avant d’habiter aujourd’hui à Berlin. L’exposition est d’ailleurs titrée « El Segundo Blue », du nom de ce papillon californien en danger.
Pentti Monkkonen s’est aussi tourné vers le domaine végétal et plus précisément vers les coccolithes, ces algues sous-marines souvent proches des fonds pétrolifères. Il a reproduit en résine blanche leur squelette fossilisé pour en faire des lampes qu’il a accrochées sur de grands tableaux composés de panneaux de bois peints dont le motif récurrent, dans un style très pattern painting ou papier peint des années 1970, évoque la grille du premier échangeur autoroutier à quatre niveaux construit à Los Angeles. Si l’on ajoute que Monkkonen ponctue ses panneaux d’interrupteurs et de prises électriques en laiton qui reprennent les moulures aux ornements floraux de la galerie, on se rend vite compte que ses télescopages de motifs et de sens ont du jus.
Pour corser encore cet ensemble d’œuvres pensées pour cette exposition, qui est l’une des plus réussies et singulières de cette rentrée en galeries, deux autres tableaux sont présentés dans la dernière salle. Ils sont la copie exacte d’une campagne publicitaire de Chevron, le propriétaire de la raffinerie, qui dans les années 1980, vantait les mérites de la biodiversité au sein de ce complexe pétrolifère, avec au premier plan le papillon précité et dans le ciel un Boeing 747. Ce qui ne manquait pas d’air et donne matière à réflexion : celle que l’artiste mène, avec beaucoup d’humour, sur notre monde et notamment sur les questions d’écologie et de pollution.
Entre 5 000 et 25 000 euros, les prix sont d’autant plus abordables que, si Pentti Monkkonen est relativement peu connu en France, il a déjà une belle carrière internationale, aux États-Unis comme en Angleterre ou en Allemagne avec la galerie Rob Tufnell (Londres et Cologne).
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Pentti Monkkonen, l’effet papillon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Pentti Monkkonen, l’effet papillon