Le segment des ventes publiques locales a progressé de 55 % chaque année depuis 2003.
Dans l’écheveau des trois mille maisons de ventes publiques chinoises, seule une infime minorité peut se targuer d’un professionnalisme de standing international. D’après le rapport publié au printemps dernier par l’observatoire chinois Artron, le marché de l’art en Chine continentale serait dominé par Guardian, qui fête son quinzième anniversaire, Poly, leader en art contemporain, et Sungari International, lesquels ratissent 22,62 % du marché intérieur. Plus généralement, les maisons de ventes pékinoises se partagent la part du lion avec 43,29 % de parts de marché. Guardian tient le haut du pavé avec un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros en 2007 et le record de 57,1 millions de yuans (5,7 millions d’euros) pour Hotbed de Liu Xiaodong. Aussi occidentalisé que puisse paraître son fonctionnement, l’État chinois y reste actionnaire à 20 %, un partenaire dormant en apparence. Le libéralisme reste d’ailleurs encore partiel. Les maisons de ventes étrangères n’ont ainsi pas le droit de vendre sur le sol chinois des objets d’antiquité, encore que cette notion ne soit pas clairement définie. Les critères d’exportation se révèlent tout aussi opaques, certains évoquant même une interdiction de sortie pour tout objet datant d’avant 1949 ! Aussi Artcurial China, partenaire avec la société locale Hong Shan Ming Hai, se limite-t-elle à l’art contemporain. Cette firme, qui n’organise qu’une seule vente annuelle, obtiendra à la fin 2008 une licence de galerie, lui permettant des ventes de gré à gré.
D’après Artron, le marché des ventes publiques en Chine aurait progressé selon une moyenne de 55 % chaque année entre 2003 et 2008. Une assertion à prendre avec des pincettes car les chiffres donnés par les maisons de ventes ne sont pas toujours fiables.
Par ailleurs, les turbulences financières mondiales peuvent ralentir cette croissance. Artron le dit bien : « L’investissement sera plus rationnel et la confiance des investisseurs est quelque peu entamée ».
L’individualisme français pourra-t-il s’adapter à une société chinoise extrêmement protectionniste, cadrée par des lois aussi fluctuantes que déroutantes ? « Quel que soit l’ethnocentrisme chinois, il y aura un intérêt, même partiel, pour ce qui se passe en Occident. Les deux tiers des artistes présentés lors de l’exposition �?China Gold�? au Musée Maillol [à Paris] ont fait leurs études en Europe », indique Philippe Limouzin-Lamothe, président de l’Observatoire du marché de l’art. Pour Carole Jézéquel, commissaire-priseur à Rennes, « l’objectif serait de faire prendre goût de l’art européen à la classe moyenne chinoise via les objets d’art plutôt que le mobilier, car ils ont peu de place et des conditions climatiques pas évidentes. » Le président de la Chambre nationale des experts spécialisés (CNES), Jean-Michel Renard, a déjà fait dans le concret. Son syndicat vient d’ouvrir un bureau de représentation à Shanghaï, en liaison avec la spécialiste chinoise Chuk-Kwan Ting et l’historien de l’art américain Eric Wear, tous deux basés dans cette métropole. Le manque de garanties concédées par les maisons de ventes chinoises pourrait jouer en faveur des experts occidentaux. « Les experts représentent une main-d’œuvre qualifiée dont ce pays a besoin. Les garanties françaises sont les plus élevées et rigoureuses, explique Jean-Michel Renard. Notre cible, ce sont les particuliers chinois qui veulent acheter des objets européens. »
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Pékin en tête
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°288 du 3 octobre 2008, avec le titre suivant : Pékin en tête