PARIS
L’artiste, convié pour la première fois à la Galerie La Forest Divonne, y présente ses plus récentes toiles, des paysages très colorés.
Paris. Patrice Giorda n’a vraiment pas peur du jaune. Ni du vert cru ou de l’orange vif, ni d’autres couleurs d’ailleurs. Mais le jaune domine nettement la vingtaine de toiles, récentes pour la plupart, réunies pour cette première exposition de l’artiste (né en 1952 à Lyon) à la Galerie La Forest Divonne. Elle est aussi la première à Paris depuis plus de quinze ans (!) – il avait été montré en 2007 par la Galerie Guigon.
Le jaune donc, et on devrait même dire « les » jaunes, tant Giorda décline magnifiquement la gamme. Il les fait claquer telle une déflagration visuelle dans cette sélection divisée en deux parties, les intérieurs plus intimistes – notamment des vues d’atelier – et les extérieurs : des paysages du mont Carmel, de sous-bois, la nécropole des Alyscamps à Arles… C’est évidemment dans ces paysages que les jaunes brillent le plus, même s’ils sont toujours présents, mais plus assourdis, dans des univers domestiques. « La lumière est ce qui me permet de créer de l’espace, des espaces dans lesquels je peux respirer. Lumière, espace…, je suis un classique », précise Giorda. Et effectivement, cette lumière ouvre la toile, elle en illumine des pans entiers, accentue des perspectives et donne une formidable énergie. L’énergie qui est, de façon assez logique avec la lumière, l’autre maître mot de l’artiste dont tout le travail est régi et repose sur les principes de vitalité, de force, d’impulsion. Ce sont ces principes qui peuvent le conduire à reprendre une toile quelques années plus tard parce qu’« on n’est pas toujours au même niveau d’énergie quand on peint. Et lorsque que je constate qu’un tableau en manque, je n’hésite pas à le retravailler pendant quatre ou cinq ans s’il le faut ». Un exemple en est ici donné avec une toile dénommée Le Chevalet dont l’arrière-plan est d’un bleu tonique alors qu’il était initialement d’un rose indolent, comme en témoigne sa reproduction dans un ancien catalogue. « Je me suis vraiment battu sur cette œuvre ! », indique son auteur. Car pour lui, il s’agit bien d’un corps-à-corps avec la peinture au cours duquel, si l’on résume : la couleur engendre la lumière ; la lumière crée l’espace ; l’espace appelle le geste ; le geste donne l’énergie productrice de tension et de fusion des couleurs qui, mélangées à même la toile, donnent ou suggèrent des formes. Et celles-ci servent de prétexte à la peinture, d’alibi pour peindre la peinture, le vrai et seul sujet de Giorda.
Affichés entre 6 000 et 20 000 euros la toile, les prix sont modiques. Cela se justifie par des formats modestes (130 x 162 cm pour le plus grand, 130 x 97 cm pour la plupart des autres), mais également parce que, Giorda s’étant mis un peu en retrait du marché, la galerie s’est fondée sur des prix pratiqués il y a quinze ans. Elle annonce qu’ils seront progressivement réévalués, d’autant que l’actuelle exposition est pratiquement toute vendue. À juste titre pour un artiste à la carrière longue et de belle qualité.
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Patrice Giorda, une leçon de peinture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : Patrice Giorda, une leçon de peinture