PARIS
La bonne énergie de l’édition 2019 d’un salon devenu très international a profité à nombre d’acteurs parisiens du secteur. Toutes les catégories de la photo étaient représentées.
Paris. Nul doute là-dessus : l’édition 2019 de Paris Photo, qui s’est tenue du 7 au 10 novembre au Grand Palais, a conforté la foire dans son rôle de leader. La veille de l’inauguration, le niveau inédit des ventes enregistrées lors de la traditionnelle soirée J.P. Morgan a donné le ton. La banque avait élargi pour la première fois son fichier d’invités aux responsables de musées et aux collectionneurs, américains ou non, ce qui a changé le visage de cette avant-première réservée jusqu’à présent à ses clients, aux profils plus enclins à rester dans l’allée centrale une flûte de champagne à la main. Rien de tel donc cette année.
Dès le mardi 5 novembre au soir, des conservateurs d’institutions américaines et des collectionneurs ont fait leurs courses chez un certain nombre de marchands qui réservent leurs meilleures œuvres pour la foire. Ainsi Lumière des Roses (Montreuil) et Gilles Peyroulet & Cie (Paris) ont enregistré de nombreux achats. Il en a été de même pour Charles Isaacs & Grégory Leroy (Paris, New York ), référencés pour la rareté et la qualité exceptionnelle de leurs vintages de la période moderne, ou pour des galeries comme Le Réverbère (Lyon), plus contemporaines dans leurs propositions et plutôt ignorées dans ce genre de soirée.
Christie’s, qui a choisi d’avancer sa vente traditionnelle de photo du jeudi au mardi et de proposer une sélection concentrée sur la deuxième moitié du XXe siècle, a été récompensée. Le taux de vente s’est établi à 83 % contre 63 % en 2018 et quelques pièces ont été cédées dans la fourchette haute de leur estimation, parmi lesquelles le Portrait de Marilyn Monroe par Richard Avedon, parti à 346 000 euros. « Paris Photo grossissant, il s’agit de se démarquer et ne plus vouloir couvrir 150 ans d’histoire de la photographie », explique Élodie Morel, directrice Europe du département photographies de la maison de ventes. Ce d’autant plus que les grands noms de la période récente tels Avedon ou Irving Penn sont bien représentés à Paris Photo.
Au fil des jours, la bonne énergie de ces premières heures ne s’est pas tarie, bien que les ventes, promesses d’achat ou prises de contact, comme à l’accoutumée, varient d’un stand à l’autre. Car les musées et collectionneurs ont été plus nombreux que d’habitude à faire le déplacement. Internationale et couvrant toutes les périodes de l’histoire du médium, Paris Photo attire les institutions étrangères, mais aussi différentes générations de collectionneurs ou d’acheteurs. Cette 23e édition s’est toutefois distinguée par une forte présence de musées américains. Parmi les nouveaux on relevait le Brooklyn Museum (New York) et le Carnegie Museum of Art (Pittsburgh, Pennsylvanie).
Les œuvres exposées, avec leurs partis pris ciselés, ont donné la mesure des divers usages du médium depuis le XIXe siècle avec son lot de focus forts, ainsi Jim Goldberg chez Casemore Kirkeby (San Francisco) ou le Bauhaus par Sies + Höke & Kicken (Düsseldorf). Les auteurs disparus au cours des douze derniers mois ont bénéficié de très beaux hommages, de Carolee Schneemann (Lelong, Paris) à Agnès Varda (Suzanne Tarasieve, Nathalie Obadia ; Paris) en passant par Robert Frank dont le très beau portrait par Avedon affiché à 100 000 dollars (90 660 €) par Fraenkel (San Francisco) a été l’une des images qui ont le plus circulé sur les réseaux sociaux durant la foire. Les références à l’actualité ne manquaient pas non plus, depuis le beau mur de photographies de Notre-Dame chez Hans P. Kraus (San Francisco) jusqu’au stand d’Éric Dupont (Paris) consacré au thème de la démolition.
En revanche, les secteurs « Prismes » ou « Curiosa » manquaient de cohérence dans leur contenu. Les pratiques innovantes, contemporaines ou non, étaient de fait moins bien représentées au sein de « Curiosa » que dans la section principale, qui offrait sous la verrière un fort beau panel, des photos de paysage du sculpteur John Chamberlain apparaissant comme traitées dans la même veine que ses Compressions (Karsten Greve, Paris), aux dernières « Radiances » [voir ill.] de Mustapha Azeroual (Binôme, Paris).
Non sans succès pour ces artistes, mais aussi pour ceux présentés au salon Approche dont la troisième édition dans l’hôtel particulier Le Molière et les résultats des ventes enregistrés pour l’ensemble des 15 photographes et 12 galeries participants confirment l’intérêt porté à ces démarches plus expérimentales par les collectionneurs de toutes nationalités.
Paris Photo draine une fois par an pendant une semaine tout ce que les professionnels de la photographie aimeraient voir toute l’année dans la capitale. Du Grand Palais au Molière en passant par la Salle Wagram, concentré de dix-neuviémistes, et Polycopies, beau réservoir d’éditeurs de livres photo, la bonne circulation du public a dopé le moral des marchands.
Reste maintenant à Paris Photo à confirmer sa capacité à faire de Paris Photo New York du 2 au 5 avril 2020 un autre rendez-vous incontournable. Né du partenariat de trois ans noué avec l’Association of International Photography Art Dealers, la future manifestation s’affichait dès l’entrée du Grand Palais dans une vision mordorée et surpuissante de buildings new-yorkais pris en contre-plongée. L’inscription en minuscule de l’Aipad sur l’affiche n’a cependant échappé à personne, ni le prix du stand affiché à 1 171 dollars le mètre carré (1 062 €) pour 25 à 44 m2, contre 720 euros à Paris Photo.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Paris Photo confirme son leadership
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°533 du 15 novembre 2019, avec le titre suivant : Paris Photo confirme son leaDERSHIP