La 2e édition du salon d’art contemporain, très satisfaisante pour les marchands, a connu plusieurs ventes millionnaires, confirmant l’enracinement de la foire.
Paris. Assignée pour la deuxième – et a priori pour la dernière année – au Grand Palais éphémère, Paris+ par Art Basel a fait le plein de visiteurs avec plus de 38 000 entrées, soit un peu moins que l’an dernier. Malgré un contexte géopolitique difficile, la foire n’a déploré aucun désistement de dernière minute de ses exposants – en provenance d’Europe, d’Amérique, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient – et elle a attiré de nombreux collectionneurs étrangers : Américains, Sud-Américains et Asiatiques. « La principale crainte exprimée par les Américains à l’idée de venir en France, c’étaient les punaises de lit », relatait un galeriste parisien pince-sans-rire. De l’avis quasi unanime, cette 2e édition a donc été un succès et nombre de marchands estiment y avoir conclu d’excellentes transactions, supérieures pour certains à l’an dernier.
En particulier les très grosses galeries internationales, avec des chiffres d’affaires spectaculaires, dès le premier jour, comme celui de 20 millions de dollars [18,9 M€], annoncé par David Zwirner (Paris, New York…). Hauser & Wirth (Zurich, New York…) a affiché un total de ventes de 14 millions de dollars, soit près de deux fois plus que lors de l’édition 2022. Thaddaeus Ropac (Paris, Londres…) est arrivé en 3e position avec environ 9 millions de dollars.
Pace (New York, Hongkong…), venue avec un tableau de Rotkho pour un prix estimé à 40 millions de dollars – en écho à la rétrospective que consacre la Fondation Louis Vuitton au peintre américain –, est cependant repartie sans avoir trouvé preneur. La galerie n’a vendu que 2,5 millions de dollars d’œuvres (!), soit moins que Gladstone (New York, Séoul…), qui a totalisé un chiffre d’affaires de plus 3,5 millions de dollars (avec, en particulier, un tableau d’Alex Katz vendu 1,2 million de dollars). Xavier Hufkens (Bruxelles), qui présentait notamment un nu très puissant de Tracey Emin (All the Time I Could Feel You, 2023, vendu environ 750 000 livres sterling, soit 860 000 €), figurait parmi les marchands qui ont réalisé un chiffre d’affaires de plus de 2 millions d’euros pendant la foire.
Nouvelle venue, Kurimanzutto, la seule galerie mexicaine présente, a déclaré avoir vendu toutes les peintures et dessins de Roberto Gil de Montes, montré en solo sur son stand – à des prix entre 12 000 et 150 000 dollars. Tandis que Lévy Gorvy Dayan (New York, Paris…) a remis sur le devant de la scène Aristide Maillol, avec un bronze vendu autour de 3,5 millions d’euros (La Rivière, 1938-1943), les noms d’artistes d’après-guerre comme ceux de Louise Bourgeois, Alexandre Calder, Niki de Saint Phalle, Robert Rauschenberg étaient présents sur les cartels, aux côtés de ceux d’artistes actuels confirmés, tels que Francis Alÿs, Lucas Arruda, George Condo, Tracey Emin, Antony Gormley, Wolfgang Tillmans… Du côté des galeries émergentes, au nombre de quatorze, Felix Gaudlitz (Vienne) a rencontré un certain succès avec les vidéos et les boîtes lumineuses et sonores de Jenna Bliss (de 5 500 à 15 000 euros), tandis que Parliament (Paris) a bien vendu les céramiques de Charlotte Dualé (entre 4 000 et 7 000 euros).
Si elle a donné lieu à quelques records, cette édition a cependant aussi été marquée par un démarrage moins rapide pour une partie des exposants. « Les ventes ont été un peu plus lentes que l’année dernière », aremarqué Yves Zlotowski, directeur de la Galerie Zlotowski (Paris), qui a assuré avoir vendu sept pièces – en particulier de Le Corbusier, Fernand Léger, Jean Dubuffet et Pierrette Bloch.
Parmi les galeries françaises satisfaites de leurs bons résultats Ceysson & Bénétière se félicitait d’avoir placé « une cinquantaine d’œuvres de Supports-Surfaces [entre 20 000 et 220 000 euros] dans des collections privées et dans plusieurs institutions publiques et fondations françaises et étrangères (France, Corée, Suisse, Belgique, États-Unis, Colombie) », dont une œuvre de Daniel Dezeuze (Chassis, 1966) qui a ainsi rejoint la Fondation Gandur pour l’Art, à Genève. Il ne semble pas que la foire ait connu de temps mort. « Après un premier accrochage “sold out”, chaque jour, il y a eu de nouvelles ventes », a observé Almine Rech, qui a vu dans Paris+ par Art Basel « une plateforme exceptionnelle pour rencontrer des collectionneurs ».
Les stands ayant fait le choix d’une véritable mise en scène étaient rares. Parmi eux, la Dvir Gallery (Paris, Tel Aviv…) a opté pour des murs noirs tapissés par les œuvres récentes et de formats très variés de Douglas Gordon, déclinaisons de sa série « Belong to… », dont une douzaine de pièces sont parties – à des prix allant de 10 000 à 60 000 euros. Dans le genre sensationnel, l’un des stands les plus « instagrammés » a été celui de Sadie Coles HQ (Londres), avec une installation de Sarah Lucas autour d’une voiture jaune décapotable [voir ill.]. Dans un registre plus sobre, Matthew Marks (New York) a privilégié la rareté avec seulement cinq œuvres présentées, dont un très beau tableau d’Ellsworth Kelly et un autre de Martin Barré, une respiration bienvenue au détour des allées.
Les galeries présentes dans l’extension ont-elles aussi bien vendu que celles situées dans le corps principal du Grand Palais éphémère ? Passée du secteur « Émergent », situé au cœur de la foire, au secteur principal, Antenna Space (Shanghaï) a apprécié sans retenue son changement de statut malgré un emplacement la reléguant dans les dernières allées. « Être dans le secteur principal permet de montrer plusieurs artistes au lieu d’un solo, et la foire est suffisamment peu étendue pour que les gens fassent le tour facilement », a estimé Simon Wang, son fondateur. Le coût d’un stand, dans cette seconde partie, était inférieur à 40 000 euros. Une galerie qui a réalisé un peu moins de 100 000 euros de chiffre d’affaires peut donc estimer être rentrée dans ses frais.
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Paris+ par Art Basel, en vitesse de croisière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°620 du 3 novembre 2023, avec le titre suivant : Paris+ par Art Basel, en vitesse de croisière