PARIS
La grande qualité des propositions des différentes foires « off » a marqué cette édition 2023.
Paris. L’effervescence constatée dès le premier jour sur certains stands de Paris+ par Art Basel a fait tache d’huile au-delà du Grand Palais éphémère, si l’on en croit la vente, pour plus de 4 millions d’euros, de L’Âne attelé de François-Xavier Lalanne – une pièce présentée par la galerie Mitterrand (Paris). Il faut dire que le faste versaillais de l’hôtel de Maisons, qui servait d’écrin luxueux à la première édition dans l’hexagone de Design Miami / Paris [lire ci-dessous], poussait à l’excès. De l’autre côté de la rue, Thema, micro-foire consacrée à l’architecture, à l’art et à l’artisanat, profitait, pour son édition inaugurale à l’hôtel de Guise, de l’attractivité de sa voisine américaine.
La richesse du patrimoine architectural parisien est l’un des atouts d’un « off » qui n’a jamais été aussi riche et aussi qualitatif que cette année, le contraste entre le charme de l’ancien et la création contemporaine fonctionnant aussi bien pour un petit Salon comme Private Choice, qui fêtait ses dix ans dans le cadre d’un appartement haussmannien, que pour Asia Now, de retour dans les prestigieux bâtiments de la Monnaie, avec une proposition pléthorique de galeries et d’événements. Si l’on a pu apprécier la régulation thermique naturelle de la yourte installée à l’entrée de la foire dans la cour pavée – clin d’œil au thème de cette édition axée sur l’Asie centrale –, la tente rassemblant une partie des 70 exposants n’offrait malheureusement pas le même confort d’isolation. De ce point de vue, les galeries réparties dans le dédale des étages étaient mieux loties, comme la galerie König (Berlin et Séoul), qui se déclarait contente d’avoir noué de nouveaux contacts et vendu de petites pièces de Monira Al Qadiri, dont elle présentait un très beau solo, autour d’un film et de trois sculptures rotatives rutilantes de la série « Orbital » (2022), précédemment exposées à la 59e Biennale de Venise.
Toujours nomade, par choix, Paris Internationale a confirmé sa maturité, en relevant le pari d’un aménagement provisoire remarquablement maîtrisé dans les 5 000 mètres carrés d’un ancien central téléphonique. Circulation et organisation fluides, la foire prescriptrice vers laquelle convergent commissaires, responsables d’institutions et amateurs de talents émergents, cultive son atmosphère affairée et détendue. De qualité inégale, mais toutes impeccablement accrochées, les présentations des 71 exposants – dont cinq projets non commerciaux – offraient de vrais coups de cœur. Par exemple, les encres sur papier de riz de Luo Mingjun (A Thousand Plateaus Art Space, Chine) ou les peintures de Piero Manai sur acétate (Galerie P420, Italie).
À deux pas de la place de la Madeleine, c’est dans les étages d’un ancien garage qu’Offscreen mettait en scène sa 2e édition, laquelle a très vite bénéficié d’un excellent bouche-à-oreille. Et pour cause : avec une sélection serrée et rigoureuse de projets muséaux autour de l’image fixe et en mouvement, et une scénographie impeccable, l’événement cofondé par Julien Frydman, ex-directeur de Paris Photo, qui en assure la direction artistique, est sans équivalent. De l’œuvre conceptuelle spectaculaire Four Seasons de Thomas Burgin (galerie Thomas Zander, Cologne) au projet Edited Memories de Julien Discrit (galerie Anne-Sarah Benichou, Paris) en passant par les archives de Stan VanDerBeek (The Film gallery), Offscreen, inclassable dans son format, a trouvé sa raison d’être dans l’originalité et l’ambition de son propos.
La Moderne Art Fair a fait son retour sur les Champs Élysées. Emplacement stratégique. La sélection de galeries de cette foire consacrée à l’art moderne, et l’affluence de visiteurs, montre qu’il y a de la place pour une proposition plus classique et (en partie) plus abordable que celle mise en avant par Art Basel. Or, dès 2024, Paris+ aura lieu au Grand Palais : cette proximité devrait être favorable à la Moderne Art Fair. Les candidatures de galeries affluent d’ailleurs pour sa prochaine édition, dont on peut penser qu’elle sera plus sélective et, par conséquent, encore plus qualitative.
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Les satellites de Paris+ se rapprochent de l’astre d’Art Basel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°620 du 3 novembre 2023, avec le titre suivant : Les satellites de Paris+ se rapprochent de l’astre d’Art Basel