PARIS
Pour sa sélection internationale, Paris+ a vu grand : des galeries étrangères stars, des œuvres exceptionnelles et des prix dépassant souvent le million d’euros.
Paris. Si leurs homologues françaises affichent pour certaines des prix élevés, les plus importantes galeries étrangères, dont certaines, et non des moindres, ont une antenne à Paris, dépassent allègrement la barre du million d’euros, en s’adressant à un public de très gros collectionneurs. On voit donc des pièces exceptionnelles sur des stands dont la scénographie éphémère est, pour l’occasion, confiée à des designers de renom. C’est le cas de Gagosian (New York, Paris, Londres…), dont l’espace sera conçu par l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch, ou de LGDR (New York, Paris, Hongkong…), qui a choisi l’architecte et designer belge Olivier Dwek. Celui-ci a imaginé un stand « aux parois incurvées comme l’intérieur d’un coquillage », où les amateurs d’art pourront espérer dénicher la perle rare.
« Books Not Bullets » : c’est l’injonction en lettres noires que l’on peut lire sur la sculpture murale rose en forme de mitraillette d’Andrea Bowers, qualifiée par le New York Times en 2021 « d’artiste politique la plus importante de l’Amérique ». À ses côtés, un tableau récent et coloré d’Eddie Martinez (Bufly No. 13, 2022), mais aussi plusieurs tirages de la photographe Zoe Leonard, à laquelle sera consacré un focus. Sa série « Al rio/To the River », qui étudie le paysage sociopolitique à la frontière des États-Unis et du Mexique, donne son titre à l’exposition monographique du Musée d’art moderne de Paris, qui ouvre ses portes cinq jours avant (du 15 octobre au 29 janvier 2023).
Peut-on parler d’un retour en force pour le peintre Ross Bleckner ? Gratifié très jeune d’une rétrospective au Guggenheim (en 1995), il sera à l’affiche du Consortium de Dijon début 2024, et il est à redécouvrir chez Capitaine Petzel. Prix de 20 000 à 350 000 euros.
La Galleria Continua montre une sélection d’œuvres de ses artistes stars : une sculpture en fonte d’Antony Gormley (Hold (Pieta), 2019) ; une grande sphère d’Anish Kapoor (Green to Yellow to Gold Satin, 2019) ; un tableau de craies de Pascale Marthine Tayou (Chalk CH, 2015) ; une impression sur miroir de Michelangelo Pistoletto (Rottura dello specchio – Azione 4, 2017)… Quant à Carlos Cruz-Diez, dont elle a récemment annoncé représenter la succession, une de ses « physichromies » monumentales, encore jamais montrée, figure dans le parcours « Sites du jardin des Tuileries »). Prix de 50 000 à 1 million d’euros.
Habitué d’Art Basel, Peter Freeman avait cessé de participer à la Fiac depuis plusieurs années. Le marchand américain vient à Paris+ avec un enthousiasme affiché et un stand conjuguant, dans un accrochage très pensé, des œuvres historiques (Gerhard Richter, Ellsworth Kelly, Richard Tuttle) en regard de travaux récents d’autres artistes de la galerie, tels que Catherine Murphy, Matt Mullican ou Thomas Schütte. Et parce que la galerie a un lien ancien avec la France – où son activité est en stand-by –, elle met également en avant des œuvres d’artistes français qu’elle représente, comme Anne-Marie Schneider, Dove Allouche et Robert Filliou.
La scène africaine, pourtant en pleine ébullition, est étonnamment peu visible sur la foire. Cécile Fakhoury, l’une des rares galeries à la promouvoir, a choisi de consacrer son stand à un solo show, comme elle le fait assez systématiquement, afin d’offrir un aperçu plus complet du travail d’un artiste. Elle met ici en avant des peintures sur toile libre inspirées de peintures orientalistes et des céramiques évoquant des récipients fermés de Roméo Mivekannin. Entre référence à l’iconographie classique européenne et spiritualités ouest-africaines, cet artiste contemporain de lignée royale – il est l’arrière-arrière-petit-fils du roi Béhanzin (Bénin) – se livre non sans ironie à une relecture de sa propre histoire. Prix entre 20 000 et 50 000 euros.
Tandis que son espace de la rue de Ponthieu à Paris est consacré à une exposition de nouvelles peintures d’Ed Ruscha (« Tom Sawyer Paintings ») dont son stand se fait l’écho, la galerie réunit par ailleurs les œuvres d’une quinzaine de ses artistes selon un savant dosage de valeurs sûres (Christo, Helen Frankenthaler, Simon Hantaï…), d’œuvres récentes d’artistes établis (Katarina Grosse, Albert Oehlen, Giuseppe Penone, Tatiana Trouvé, Stanley Whitney…) et de jeunes talents (Ewa Juszkiewicz…). Prix entre 20 000 et 4 millions de dollars.
Des œuvres inédites et des pièces très fortes, dont certaines au potentiel muséal : la formule est implacable. Elle se traduit sur le stand de la galerie – qui ouvrira début 2023 une succursale à Paris – par l’exposition de peintures récentes, dont un très grand format de George Condo (The Dream, 2022), un tableau de la série « Surrender Paintings » de Rashid Johnson, un autre, mêlant image numérique et pigments, d’Avery Singer (Free Fall, 2022)… Une toile ovale de Lucio Fontana et une sculpture en aluminium de Louise Bourgeois (Untitled, 2004), suspendue au plafond, offrent à cet accrochage un contrepoint moderne, tandis qu’un Cobra (1989) en caoutchouc, métal et plastique de David Hammons fera sans doute figure de trophée, à décrocher au prix de 3,8 millions de dollars.
La sélection d’œuvres historiques et contemporaines de la galerie – fondée par Dominique Lévy, Brett Gorvy, Amalia Dayan et Jeanne Greenberg Rohatyn – fait dialoguer peintures, notamment d’Etel Adnan, Lucio Fontana, Tu Hongtao ou Amani Lewis, et sculptures. Avec en point d’orgue un mobile d’Alexander Calder, Black Disc with Flags (1939), la plus grande sculpture de sa série « Tuning Forks ». Autre pièce phare de l’exposition, La Zingara de Fausto Melotti (1971), composition emblématique des œuvres en cuivre réalisée par l’artiste italien dans les années 1960. De 100 000 à 12 millions de dollars.
Une grande toile viscérale de la jeune artiste britannique Mandy El-Sayegh (S-Curve, 2021), une haute peinture verticale de Sigmar Polke (Katastrophentheorie II, 1983), un tableau de la série « Japanese Recreational Clayworks » de Robert Rauschenberg (1982-1985) ainsi qu’une composition de 1987 de l’artiste américain, Miami Glyph Late Summer Glut, font partie des œuvres phares réunies pour Paris+. Tandis qu’une grande sculpture hyperréaliste de Ron Mueck, Woman with Shopping adresse un clin d’œil aux amateurs d’art venus faire leurs emplettes sur la foire.
C’est un panorama de la création italienne d’après-guerre à nos jours que propose le stand à travers une sélection d’œuvres d’artistes ayant marqué l’histoire de l’art par leur langage pictural, comme Enrico Castellani ou Alighiero Boetti. Le stand comporte notamment une Combustione Plastica d’Alberto Burri, un Concetto Spaziale de Lucio Fontana ou encore une Cancellatura d’Emilio Isgrò, que la galerie promeut depuis cinq ans et auquel elle consacre au même moment, dans son espace parisien, l’exposition « Emilio Isgrò. Effacer pour dévoiler ». Prix de 40 000 à 2 millions d’euros.
Atmosphère crépusculaire pour Zeno X où une Sleeping Nymph de Marlene Dumas (2003) côtoie un tirage tout en nuances de gris du photographe Dirk Braeckman, un paysage onirique criblé de nuées roses de Marina Rheingantz (Fubà, 2022), une composition de terre et de jute de N. Dash (Untitled, 2022), et une très grande toile baignée de lumière spectrale de Luc Tuymans (The Stage, 2020). Prix de 11 000 à plus d’un million d’euros.
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Paris+, grande scène internationale
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : Paris+, grande scène internationale