Le fonds de la galerie Camoin-Demachy a su séduire de nombreux enchérisseurs : prestige du nom et œuvres choisies avec discernement ont fait la différence.
PARIS - C’est dans une salle clairsemée mais dotée de nombreux téléphones que Christie’s mettait aux enchères le 1er octobre le fonds de la galerie Camoin-Demachy située quai Voltaire, à Paris, témoignage des trente années d’activité de l’antiquaire ; ce dernier n’a pas souhaité assister à la dispersion. Les 283 lots proposés ont atteint 2,06 millions d’euros frais compris, sur une estimation de 1 à 1,5 million d’euros. « Cette vente s’est très bien passée. Quand tous les ingrédients sont réunis, une provenance, des objets de qualité et des estimations raisonnables, le succès est au rendez-vous, même s’il s’agit de ventes classiques, commente François de Ricqlès, président de Christie’s France. Dans le cas présent, le nom et le goût Demachy, empreint d’un mélange de styles et d’œuvres inédites et originales, ont joué. Des gens ont acheté parce que c’était l’œil et le goût Demachy. Et puis il a compris que, si les estimations étaient trop élevées, ses objets ne se vendraient pas. » Pour Bruno Faivre-Reuille, antiquaire, « ces résultats superbes marquent une évolution du marché : les prix en ventes publiques dépassent désormais ceux en galerie ! ». Bientôt la fin des antiquaires ?
Les enchères les plus fortes sont allées à des œuvres des XIXe et XXe siècles, confirmant l’évolution du goût amorcée depuis une dizaine d’années vers des créations plus « modernes », délaissant le XVIIIe siècle. Les œuvres « créatives » en particulier, celles qui rendent un lieu original, ont été plébiscitées, comme cette pendule monumentale de la fin du XIXe, dont la sculpture est attribuée à Albert Ernest Carrier-Belleuse et qui a été adjugée 73 500 euros frais compris (est. 20 000 à 30 000 euros), lot le plus cher ; un ensemble de 29 panneaux de papiers peints chinois, dynastie Qing (début du XIXe), cédé 43 200 euros frais compris (est. 15 000 à 20 000 euros) ; le vase Coloquinte (1903), du céramiste Taxile Doat, qui a obtenu un record mondial pour l’artiste à 45 900 euros frais compris (est. 12 000 à 18 000).
Anticipant sur la mode, Alain Demachy a été l’un des premiers à s’intéresser à des styles encore méconnus en France, comme le mobilier Arts & Crafts et les créations scandinaves. Il s’est aussi passionné très tôt pour la Sécession Viennoise, un mouvement de recherche dans la mouvance du courant 1900 et qui s’est épanoui en Autriche, plus particulièrement à Vienne, de 1892 à 1906. Son audace a été récompensée puisque de nombreux meubles appartenant à ce style ont séduit, à l’instar d’un meuble de vitrine d’Adolf Loos réalisé par Friedrich Otto Schmidt, probablement une pièce unique (vers 1897), cédée à 41 100 euros frais compris, ainsi qu’un secrétaire du même artiste, vendu 39 900 euros frais compris (est. 15 000 à 20 000 euros).
Pas d’envolées spectaculaires toutefois, mais, comme l’explique François de Ricqlès, « il y avait peu de raisons. Un antiquaire qui met son stock en vente sait exactement ce qu’il vend. Les éventuelles surprises ont été passées au tamis ! Et puis ce sont, certes, des objets anciens, mais de décoration ».
Estimation : 1 à 1,5 million d’euros(hors frais) Résultat : 2 millions d’euros avec frais Nombre de lots vendus/invendus : 268/15 Lots vendus : 95 % Pourcentage en valeur : 95 %
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Pari gagné pour Alain Demachy
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°399 du 18 octobre 2013, avec le titre suivant : Pari gagné pour Alain Demachy