Une vente consacrée essentiellement à l’art précolombien s’est déroulée le 12 juin pour la première fois chez Christie’s à Paris. L’auctioneer, qui a des ambitions pour ce secteur en Europe, s’en est plutôt bien sorti.
PARIS - Le marché de l’art précolombien a-t-il un avenir à Paris ? Peut-être. Les deux ventes qui se sont succédé dans la capitale, le 11 juin par la SVV Binoche et le 12 chez Christie’s, démontrent l’existence d’un marché timide mais prometteur. Au total, sur deux jours de vente, 171 objets de la Mésoamérique ont trouvé preneurs, soit 53 % des lots proposés chez Christie’s et 40 % du catalogue du commissaire-priseur parisien. Il n’est pas certain que les acheteurs européens, moins nombreux que les amateurs d’art d’Afrique et d’Océanie, puissent absorber pour le moment plus de pièces. Jean-Claude Binoche, qui n’avait pas une sélection époustouflante, a cédé deux lots à plus de 15 000 euros : une jolie statuette anthropomorphe assise en diorite gris vert de culture Mezcala du Mexique (300-100 av. J.-C.) partie à 19 000 euros, le double de son estimation, et un masque Chontal de la même période en pierre dure verte, acquis 22 400 euros, dans sa fourchette d’estimations.
Le catalogue de Christie’s où se mêlait l’art africain, océanien et précolombien, présentait pour la première fois à Paris une grande section dédiée à l’art précolombien. Parmi les quelques trésors amérindiens présentés, un grand pendentif en or de culture Tairona (1000-1500 ap. J.-C.), le clou de la vente, a été préempté au double de son estimation basse, pour 228 500 euros, par le Musée du quai Branly. À la deuxième place du classement, un joug en pierre du Veracruz (Mexique, 450-650 ap. J.-C.), une pièce rituelle en forme de “U” puissamment sculptée sur sa partie frontale d’une tête de serpent, s’est envolée à 173 250 euros, soit un record mondial pour un joug. Le troisième prix, une figurine en argent du Pérou du début de la période Chimu (1100-1200 ap. J.-C.) n’a pas démérité grâce à l’enchère de 105 750 euros portée par un collectionneur européen. Un beau vase Maya cylindrique polychrome, peint d’une scène avec personnages, s’est vendu 49 350 euros, le double de l’estimation haute. En revanche, la mayonnaise n’a pas pris pour un guerrier masqué Maya estimé 70 000 euros, pour un petit masque olmèque en jade représentant un chaman lors de sa transformation en jaguar – estimé 100 000 à 130 000 euros –, ni pour un masque épuré en albâtre Teotihuacán proposé autour de 50 000 euros. La maison Christie’s, stimulée par un expert très motivé en poste depuis quelques mois à Paris, Fatma Turkkan-Wille, a-t-elle raison miser sur l’art précolombien ? L’enjeu reste la conquête du marché européen. Attendons les prochaines ventes pour en juger.
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Objectif Mésoamérique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°174 du 27 juin 2003, avec le titre suivant : Objectif Mésoamérique