Installé dans de nouveaux bâtiments, le salon poursuit son changement en douceur.
COLOGNE - Sauf à quitter un lieu prestigieux comme le Grand Palais pour les tentes du Quai Branly, les déménagements sont souvent profitables aux foires. Celui d’Art Cologne vers un nouveau centre d’expositions lui sera sans doute bénéfique. Outre le sentiment de nouveauté qu’inspire toute migration, celle-ci permet aussi de rebattre certaines cartes. En premier lieu, les emplacements à vie que s’octroyait un quadrille de galeristes, vissés au premier étage de la foire. Grâce à une redistribution entre un hall dédié au très contemporain et un autre au moderne et contemporain classique, c’en est fini des répartitions arbitraires entre un étage « noble » et un rez-de-chaussée fourre-tout et illisible !
Qui dit déménagement ne dit pas pour autant révolution. Point de big bang du côté de la liste des exposants, malgré la venue de soixante nouveaux participants, dont Arndt & Partner (Berlin). Comme pour la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), à Paris, mieux vaut parler d’« année 2 », de stabilisation. Habituellement rabougri, le contingent hexagonal connaît un petit sursaut avec l’arrivée de Valérie Cueto (Paris), Jean Brolly (Paris) et Oniris (Rennes). « C’est sûrement une foire difficile, avec des nationalismes que l’on nous reproche aussi par ailleurs, observe Jean Brolly. Mais quand on voit l’entrain que mettent les Allemands à défendre leurs jeunes artistes, on se dit qu’il y a là une force vive. » Malgré de timides lueurs de reprise, une situation politique et économique difficile n’a-t-elle pas entamé l’appétit des collectionneurs rhénans ? « Les gens confondent les achats prudents avec l’absence d’achat, s’insurge le directeur d’Art Cologne, Gérard Goodrow. Les collectionneurs allemands achètent toujours, dans les mêmes prix qu’avant, mais plus lentement. Ils sont plus discrets, réservés, mais soutiennent la scène contemporaine. » Le galeriste Michel Rein (Paris) rappelle d’ailleurs que « nonobstant le pessimisme ambiant, de nouvelles institutions se sont créées depuis un an, comme les fondations Langen et Frieder Burda ou le musée MARTa Herford ».
Accrochage sulfureux
Les participations françaises sont souvent dictées par des affinités électives. Jean-Pierre Ritsch-Fisch (Strasbourg) a trouvé outre-Rhin un terreau si captif pour l’art brut que les Allemands représentent aujourd’hui un quart de sa clientèle. L’abstraction géométrique ayant plus d’écho dans les pays germanophones, Anne Lahumière (Paris) s’y sent naturellement dans son élément. Idem pour Oniris, qui revient après un premier essai en 1997. Ayant alors fait son chiffre d’affaires avec des œuvres de François Morellet, elle le compte à nouveau dans son accrochage (25 000 et 40 000 euros), aux côtés de Vera Molnar (4 500 à 22 000 euros). Mais le goût ambiant se porte surtout aujourd’hui sur une peinture figurative proche de celle d’Adam Adach à l’affiche chez Jean Brolly (5 000 à 10 000 euros) ou de Norbert Schwontkowski (2 000 à 10 000 euros) chez Vidal-Saint Phalle (Paris). Valérie Cueto mise pour sa part sur les tableaux provocants de Kristian von Hornsleth (3 8000 à 15 000 euros) et les flux d’images piochées par Vuk Vidor sur les sites Internet pornographiques (2 500 à 6 500 euros). Un accrochage sulfureux qui titillera peut-être l’éditeur de Cologne Benedikt Taschen, dont la collection flirte parfois avec le charme.
28 octobre-1er novembre, Deutz Exhibition Center, halls 9 & 10, Cologne, Allemagne, tél. 49 221 821 22 45, www.artco logne.com, tlj 12h-20h - Directeur : Gérard Goodrow - Nombre d’exposants : 260 - Nombre de visiteurs en 2004 : plus de 70 000 - Tarif : 180 euros HT le m2
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Abonnez-vous dès 1 €Après la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) à Paris l’an dernier, c’est au tour d’Art Cologne de subir de plein fouet la concurrence de Frieze. Les deux salons semblent pourtant avoir mis de l’eau dans leur vin. Enfin, presque. « On a réussi à discuter et coordonner nos dates pour les trois années à venir. L’an prochain, Art Cologne aura lieu dix jours après Frieze », indique Gérard Goodrow, directeur de la manifestation rhénane. De son côté, Amanda Sharp, codirectrice de Frieze, déclare : « Lorsque nous avons lancé la foire, nous avions regardé les événements comme Art Basel, Art Basel Miami Beach et l’Armory Show de New York et fait notre calendrier en fonction. Ce n’était pas notre intention d’être en antagonisme avec Art Cologne et la FIAC, qui étaient devenues locales et avec lesquelles on ne se sentait pas en concurrence. » Tout est dit !
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°222 du 7 octobre 2005, avec le titre suivant : Nouveau départ