Artists Anonymous, Art Orienté Objet ou International Festival, les collectifs d’artistes ont le vent en poupe.
Tout comme les duos à l’image d’Allora-Calzadilla ou Mrzyk & Moriceau. Une surprise dans un marché qui cristallise sur l’auteur ou le block-buster. « Le mythe de l’artiste romantique et solitaire du XIXe a perduré hypocritement au XXe, mais cachait la réalité de l’artiste entrepreneur du XXIe, observe Nicolas Ledoux, membre d’Ultralab. Il y a aujourd’hui une hypocrisie à la sous-traitance, par exemple, un mensonge à la signature, car l’artiste contemporain est devenu un entrepreneur, mais ne le dit pas ou peu et souvent même le dissimule. Nous travaillons en équipe, comme au cinéma, il est juste de le signaler et même de le revendiquer. »
L’œuvre à quatre mains ou à deux têtes n’est pas une nouveauté. De Dada du Cabaret Voltaire aux Cadavres exquis des Surréalistes, en passant par le Grand Méchoui de la Coopérative des Malassis ou Idea Generation, les artistes se sont souvent dérobés à la sacro-sainte singularité. À la différence près qu’aujourd’hui, les duos ou trios n’effraient plus le marché. « La majorité du temps, les collectionneurs ne posent pas plus de questions que cela, une fois qu’ils savent quels sont les piliers d’un collectif, indique la galeriste Magda Danysz, qui représente Ultralab. Mais il reste important pour eux d’avoir quelque chose de tangible, des noms. » Ce, d’autant plus qu’Ultralab s’est toujours entouré d’un parfum de mystère, mêlant l’officiel et l’officieux…
Affinités électives
Qu’apporte donc le travail collectif aux artistes ? Bien souvent, une part d’inconnu dans leurs pratiques. « On peut aussi dire que le travail en commun, s’il ne part pas d’une obsession ou d’un traumatisme commun, ce qui n’existe pas, oblige les associés à créer une troisième entité, deux fois plus obsédée ou traumatisée, observe Laurent Tixador, associé à Abraham Poincheval. C’est cette entité-là, qui de mon point de vue est deux fois plus intéressante. C’est aussi elle qui fait disparaître les individus qui la composent et qui malgré tout l’entretiennent. Il ne faut pas lutter pour survivre dans un tel groupe sinon, on en tue l’utilité. »
Affinités électives et compagnonnages n’excluent pas des querelles d’organigrammes, comme dans les groupes de rock. « Le marché de l’art et les institutions n’aiment pas les collectifs pour des raisons purement spéculatives et patrimoniales – cela n’aide donc pas beaucoup à la durée, observe Nicolas Ledoux. Un collectif ne peut tenir que si l’équilibre et la nécessité de sa création au moment de sa mise en place se poursuivent et évoluent avec le temps. Ce n’est pas facile, il faut une constante remise en question du groupe et de ses membres. » Certains veulent tenir bon. « Le chantier que nous avons ouvert nous semble encore loin d’être exploité dans sa totalité, on a l’impression de n’être qu’au début et de ne commencer que maintenant à être lisible extérieurement, indiquent Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize. C’est comme avancer sur un terrain et de le découvrir jour après jour, il faut mettre en place une méthodologie, comprendre les enjeux, baliser les frontières et creuser cette conversation. » Et entraîner les collectionneurs dans cette polyphonie.
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« Nous travaillons en équipe, comme au cinéma »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°281 du 9 mai 2008, avec le titre suivant : « Nous travaillons en équipe, comme au cinéma »