La Galerie Serna à Paris propose jusqu’à la fin du mois de janvier une vue d’ensemble de l’œuvre d’Alexandre Noll : meubles, objets, sculptures, mais aussi aquarelles et dessins. Cette exposition constitue un parti pris inédit puisque toutes les pièces exposées – quelques-unes pour la première fois –, proviennent du pavillon de l’artiste à Fontenay-aux-Roses, où vit aujourd’hui sa fille Odile.
PARIS - Disparu en 1970, Alexandre Noll restera sans conteste un des ébénistes les plus atypiques du siècle dernier. Avoir vu un meuble ou un objet de Noll permet sans doute de les reconnaître tous, et pourtant aucun n’est identique à l’autre. Chacun est unique, comme doté d’une vie propre. “Les meubles de Noll peuvent paraître rustiques au premier abord, ils sont en fait d’une extrême sophistication “, explique le marchand Pedro Serna, qui consacre actuellement une exposition au designer. “Noll avait une vraie passion pour le bois et il en maîtrisait parfaitement tous les secrets, un respect et une technique lui permettant d’intervenir sur la matière de façon à la laisser vivre.” Noll rompt avec les traditions de l’ébénisterie classique. Il magnifie sycomore, palissandre, ébène ou poirier en préservant leurs forces brutes, et refuse toute concession. Ni clou, ni rivet, ni colle, le bois se suffit à lui-même et s’emboîte avec robustesse et harmonie. Il en est ainsi de cette commode d’ébène à trois battants du milieu des années 1940, dont Pedro Serna fait remarquer dans un sourire “qu’elle aurait pu trouver sa place dans la maison de Blanche-Neige et les sept nains.” Plus sensuelle que primitive, “cette pièce mythique de l’œuvre de Noll rejoindra prochainement un musée. C’était le souhait de mon père, et plusieurs institutions sont intéressées”, confie la fille du créateur, Odile Noll.
Le talent de cet autodidacte virtuose du bois n’a d’ailleurs pas attendu les faveurs actuelles du marché pour être reconnu. C’est Jacques Adnet qui le confortera dans l’exercice unique de son art. Directeur de la Compagnie des arts français dans les années 1940, Adnet permettra à Noll d’y présenter ses premiers meubles importants, comme cette autre commode du pavillon de Fontenay-aux-Roses, dont la blondeur du poirier et la rondeur des formes invitent presque à la caresse. Une attirance à laquelle l’on aurait tort de résister sur l’instant car “aucun des meubles n’est aujourd’hui à vendre, assure Odile Noll. Ce sont les derniers à ne pas être sur le marché. Mais certains n’avaient jamais été exposés, comme la table de la salle à manger du pavillon de Fontenay”.
On découvre aussi à la Galerie Serna quelques dizaines de dessins et peintures également inédits, au trait évoquant parfois les sculptures de Noll. De ces dernières émane la même communion avec la matière, comme avec cette pièce représentant un cheval à peine esquissé, mais dont la force puisée tout d’un bloc dans le palissandre s’impose au spectateur. Celui-là est à vendre aux alentours de 85 000 euros, annonce-t-on à la galerie. Enfin, à partir de 4 000 euros, l’on peut aussi se laisser tenter par les objets ou les petites sculptures qui ont assurément été façonnés avec une semblable inspiration.
Jusqu’au 31 janvier, Serna Gallery, l’antiquaire du XXe siècle, 35 rue de Seine, 75006 Paris, tél. 01 40 46 90 90, du mardi au samedi 10h-13h et 14h-19h.
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Noll intime et inédit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°162 du 10 janvier 2003, avec le titre suivant : Noll intime et inédit