Une chaise longue de Marc Newson s’est envolée à 1,1 million de livres sterling chez Phillips de Pury & Co, un record pour un designer vivant.
LONDRES - Phillips de Pury & Company organisait le 30 avril à Londres une importante vente de design qui a connu un beau succès, avec près des deux tiers de lots vendus pour 2,5 millions de livres sterling (2,8 millions d’euros) de recettes, ce qui correspond aux prévisions les plus optimistes de la vacation. La maison de ventes doit cette réussite à son lot phare, la Lockheed Lounge LC1 (1985) de Marc Newson, chaise longue de forme organique en fibre de verre recouverte de plaques d’aluminium rivetées. Elle a été adjugée 1,1 million de livres (1,2 million d’euros), soit un record en vente publique pour un meuble d’un designer vivant. Estimée 500 000 à 700 000 livres et disputée par deux enchérisseurs dans la salle et deux autres au téléphone, cette pièce éditée à 10 exemplaires était l’une des quatre épreuves d’artiste et avait appartenu à la mère du designer. L’identité de l’acquéreur, pas plus que sa nationalité, n’a pas été révélée. Pour Alexander Payne, directeur du département design chez Phillips, « ce résultat démontre que le marché pour les pièces importantes et rares continue de croître ». Une suite de quatre appliques Komed (1996) de Newson, estimée 20 000 livres, s’est également bien vendue, à hauteur de 61 250 euros. C’était l’un des « top » lots de la vacation avec un rare fauteuil en chêne couvert de peau de chèvre réalisé par Jean Royère vers 1936 et parti à 94 850 livres, le double de son estimation haute.
Arad et Hadid en rade
Le modernisme français a payé. Une paire de lampes de table de 1958 en bronze de Jacques Quinet a été emportée 42 050 livres sterling contre une estimation haute de 18 000 livres. Une lampe de parquet Equilibrium (1951) de Pierre Guariche a fait 27 500 livres, le double de son estimation. Une applique Bouquet (1950) à cinq bras de lumière de Royère et une autre à deux bras de lumière (1954) de Serge Mouille ont été cédées pour 21 250 et 20 000 livres, au-dessus de leur estimation haute. De beaux résultats ont également été obtenus pour le design scandinave du milieu du XXe siècle, notamment pour des pièces de Hans Wegner, Finn Juhl et Poul Kjaerholm vendues dans leur estimation, à l’instar d’une chaise longue Dolphin (1950) de Wegner adjugée 75 650 livres. Les céramiques de Lucie Rie et Hans Coper ont toutes été emportées au-dessus de leur estimation, la plus belle enchère revenant à un rare pot composite de Coper, estimé au maximum 12 000 livres et envolé à 27 500 livres.
Comme pour l’art contemporain, les pièces de design les plus récentes, qui sont aussi celles qui ont connu la plus grande envolée des prix ces dernières années, ont essuyé un échec. Les déceptions de la vente portent sur des lots phares telles une table Black Aqua (2006) de Zaha Hadid et une table Cinderella (2005) de Jeroen Verhoeven, estimées chacune 80 000 à 120 000 livres ainsi qu’un fauteuil Blo-Void 4 (2006), de Ron Arad, estimé 100 000 à 150 000 livres. Doit-on revoir les prix à la baisse pour ces designers stars ? « Est-ce un problème de prix ou de produits qui ne se vendent plus ? », s’interroge Fabien Naudan, le spécialiste en design d’Artcurial. Si Zaha Hadid semble un peu passée de mode, « le marché pour Ron Arad va se recentrer sur les pièces historiques qui méritent d’être maintenues à une place élevée, tandis que les prix vont se tasser pour les pièces plus récentes existant en plus grande quantité. À ce titre, un fauteuil Big Easy d’Arad est plus important qu’un Blo-Void », précise-t-il. Présenté à 50 000 livres, un siège en acier poli Big Easy Volume II (1988) d’Arad n’a pourtant pas trouvé preneur. Le marché ne serait-il pas en train de jeter le bébé avec l’eau du bain ? Pour la partie cutting edge (design très contemporain), fer de lance de la maison Phillips, les élus de la vente ont été un fauteuil Sensory Deprivation Skull (2007) de l’Atelier Van Lieshout, emporté à 46 850 livres, et une table de la série Smoke (2008) de Maarten Baas, vendue 20 000 livres, au-dessus des prévisions.
Estimation : 2 à 2,8 millions de livres sterling (2,2 à 3,1 millions d’euros)
Résultats : 2,5 millions de livres (2,8 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 105/63
En valeur : 62 %
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Newson au top
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Newson au top