Chez Ace, la nouvelle exposition de Sol LeWitt se compose de six “structures”? disposées dans un espace de la taille d’un studio de cinéma. Les structures – des unités de maçonnerie en béton où l’on retrouve la grille chère à l’artiste, aujourd’hui fermée – contiennent vingt-neuf tours de cinq mètres de haut. L’échelle, le volume, la présence et l’expressivité de LeWitt en font une exposition à ne pas manquer (jusqu’au 20 mai).
Maître du calembour et pionnier de l’avant-garde avant l’explosion du Pop, Ray Johnson s’est suicidé cet hiver à l’âge de soixante-sept ans. Pour ses collages, il utilisait avec humour et fantaisie des photos de vedettes de cinéma comme James Dean et Shirley Temple. Il empruntait ses mots et ses images à la BD aussi bien qu’à la publicité. Une photo en noir et blanc, enduite d’une couche de peinture d’un rouge aveuglant, représentant Elvis Presley en Œdipe, constituait une de ses “œuvres” les plus fameuses. Richard L. Geigen & Co. rend un bel hommage à cet artiste hors normes (jusqu’au 16 juin).
Chez Gagosian, Mark di Suvero insère une fois de plus des éléments et des poutres en acier inoxydable, de toutes tailles, dans des agencements à l’équilibre téméraire. En accroissant son échelle monumentale, Di Suvero atteint ici un effet architectural (jusqu’à la fin mai).
Il y a quelques années, Alexis Rockman découvrait dans la jungle de Guyana une flore et une faune qui impressionnèrent son esprit autant que sa rétine. Les “Œuvres sur papier” qu’il présente chez Jay Gorney Modern Art dépeignent, tel un journal visuel aquarellé, un jardin de délices surnaturels né d’une “erreur de la nature” (du 6 mai au 10 juin).
Chez Knoedler & Co, “To and from the Figure” déploie, jusqu’au 20 mai, des peintures et des sculptures de David Smith. Ces œuvres, des années trente aux années soixante, montrent comment l’artiste a abordé la “figure” tout au long de sa carrière ou presque. La maîtrise de la structure et la diversité du jeu sur les silhouettes donnent toute sa force à une œuvre où les figures deviennent souvent symboles de sacrifices et d’assujettissement.
Les “Carnets 1900-1905” de Picasso, présentés à la galerie Jan Krugier jusqu’au 17 juin, montrent clairement comment la pulsion créatrice fusionnait chez l’artiste avec un processus de création nécessairement plus lent. On y voit notamment une étude pour la célèbre Femme au verre d’absinthe (1901), et un nu allongé de la même période à l’encre de Chine. Danseuses de cabarets, artistes de cirque et estaminets restituent le Paris noctambule de la Belle Époque.
Toujours provocateur, Richard Serra a installé, jusqu’au 25 juin, une pièce en acier spécialement conçue pour la galerie Matthew Marks de Chelsea (l’autre galerie est en haut de Madison Avenue). Serra aime les grands espaces, en plein air ou pas, où ses affirmations ironiques peuvent se déployer librement et contester la forme.
Les nus d’Andy Warhol s’exposent chez Robert Miller jusqu’au 17 juin. Des dessins des années cinquante et des sérigraphies des années soixante-dix exécutés par le prince du Pop, qui transforma les boîtes de Brillo et de potage Campbell’s en superstars.
Avec “Picasso et le dessin”, Pace Wildenstein nous offre un exposition digne d’un musée : cent œuvres sur papier et toile, provenant de collections publiques et privées, ainsi que de certains membres de la succession, sont réunies jusqu’au 2 juin. À mesure que la carrière de l’artiste évoluait, chaque “découverte” survenait par le dessin. L’occasion ou jamais de voir La Dormeuse (1932), huile et fusain sur toile.
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New York : Pace Wildenstein offre un Picasso muséal
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : New York : Pace Wildenstein offre un Picasso muséal