New York ne rassure pas totalement

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2001 - 539 mots

Les grandes ventes qui se sont tenues au mois de novembre à New York étaient très attendues par les professionnels qui craignaient un retournement du marché. Si les vacations d’art impressionniste et moderne ont été plutôt rassurantes, celles d’art contemporain, très inégales, ont sans doute été perçues comme plus inquiétantes.

NEW YORK - Les auctioneers étaient un peu tendus à la veille des grandes ventes du mois de novembre qui devaient tenir lieu de test quant à la vigueur du marché mondial. Après les événements du 11 septembre, beaucoup s’attendaient à un ralentissement, voire, pour les plus pessimistes, à un effondrement du marché. Il n’en a rien été pour les vacations d’art impressionniste et moderne qui se sont plutôt bien passées. Les vingt-cinq lots de la collection Gaffé, présentés chez Christie’s le 6 novembre, ont tous trouvé preneurs, certains au-dessus de leurs estimations comme Le Moteur de Fernand Léger qui a quadruplé son estimation basse à 16 millions de dollars. Les autres ventes « classiques » de l’auctioneer ont été nettement moins éclatantes puisque seuls 56 % des lots mis en vente le 6 novembre à Christie’s East ont été emportés, contre 63 % lors de la vente impressionniste et moderne qui s’est déroulée dans la journée du 7 novembre au 20 Rockefeller Plaza. Tout avait aussi très bien commencé chez Phillips le 5 novembre avec la dispersion de la collection Hoener qui a atteint sans difficulté son estimation haute (13,8 millions de dollars) avec 99 % des lots vendus puis celle de Nathan et Marion Smooke qui a totalisé 86 millions de dollars avec 93 % des œuvres adjugées. Les résultats de Sotheby’s ont été plus décevants puisque l’auctioneer a dû se contenter sur deux jours, les 7 et 8 novembre, d’un total de 48 millions de dollars (environ 350 millions de francs) en vendant 65 % de ses lots le premier jour et 60 % le second. Ces ventes ont montré une certaine désaffection pour les œuvres impressionnistes moins prisées que les toiles plus colorées et audacieuses du début du XXe siècle et une plus grande sélectivité du marché qui rejette impitoyablement les toiles surestimées.

L’art contemporain a pris le relais sous de mauvais auspices chez Phillips le 12 novembre, quelques heures après le crash sur le Queens de l’Airbus d’American Airlines. 82 % des lots ont pourtant été vendus ce jour-là et plusieurs fortes enchères ont été prononcées pour des stars de la photographie plasticienne comme Andreas Gursky notamment (200 000 dollars pour Time Square, 280 000 dollars pour Prada III). Un portrait de Catherine Deneuve par Pierre et Gilles a lui atteint 62 000 dollars. Mais signal plus inquiétant, Fait d’hiver, une sculpture en porcelaine de 1988 du très courtisé Jeff Koons, a été ravalée à 1,15 million de dollars. La journée du 13 novembre a été plus sombre pour Simon de Pury, le patron de l’auctioneer, puisque seuls 52 % des lots se sont vendus. Christie’s a connu la même déconvenue le soir même lors de sa vente Post-War avec 17 œuvres ravalées sur un total de 57 dont des pièces de Beuys, Lichtenstein et Freud. Sotheby’s a eu plus de succès avec la collection Douglas S. Cramer qui a réalisé un sans fautes en adjugeant la totalité de ses 30 lots le 14 novembre, certains très au-dessus de leurs estimations comme une sculpture de Richard Serra partie à 1,2 million de dollars, un record pour l’artiste en vente publique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°137 du 23 novembre 2001, avec le titre suivant : New York ne rassure pas totalement

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