Mobilier de châtelains

TROYES, CHANONAT - La succession du marquis Éric de Bonardi du Menil, propriétaire du château de Plancy-l’Abbaye (Aube) et décédé accidentellement à 55 ans en 2011, est dispersée le 22 septembre. Les commissaires-priseurs troyens Thierry Pomez, Jean-François et Philippe Boisseau mettent aux enchères quelque 400 meubles, objets d’art, tableaux et manuscrits conservés au fil de deux siècles d’histoire de France, depuis 1764 quand l’ancêtre Claude Godard d’Aucour, qui avait épousé la cousine germaine de la marquise de Pompadour, achète le château de Plancy-l’Abbaye. Son petit-fils Adrien, comte de Plancy, préfet sous l’Empire, épouse Sophie Lebrun, fille de Charles-François Lebrun, troisième consul, architrésorier et prince de l’Empire. Leur fils sera premier écuyer de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie et frère de l’Empereur.

Outre la population auboise, les amateurs de souvenirs historiques seront intéressés par un important recueil de correspondance datant de l’Empire (est. 2 500 euros) ; une timbale et des couverts en vermeil aux armes de Jérôme Bonaparte, offerts à sa filleule Mathilde de Plancy (est. 800 euros), ou encore un portrait de jeune femme par Alexander Roslin (est. 30 000 euros), reconnu comme l’un des portraitistes les plus talentueux du XVIIIe siècle et auquel le musée du château de Versailles a consacré une exposition en 2008.

Une semaine plus tard, à Chanonat (Puy-de-Dôme), Claude Aguttes dispersera le mobilier du château de Varvasse, propriété familiale du président Valéry Giscard d’Estaing et de son épouse Anne-Aymone. La vente a lieu sur place car, de l’aveu même du commissaire-priseur, le mobilier très classique et les pièces de faïence de grand feu de Clermont-Ferrand ont peu de chance d’attirer le public parisien. Les locaux fortement attachés au couple présidentiel s’arracheront les souvenirs pour quelques centaines d’euros. Quelques objets partiront peut-être ailleurs, telle une sculpture en marbre blanc de Pierre Julien représentant Cléopâtre ou Ariane endormie, datée 1785 et estimée 30 000 euros, qui est le clou de la vente. La somme récoltée servira à l’installation dans le château d’Estaing (Aveyron) d’une fondation qui devrait conserver les souvenirs du président Giscard d’Estaing (1974-1981) et ceux de sa présidence de la Convention chargée de préparer une constitution pour l’Europe en 2002-2003.