À la suite du scandale financier frappant la Montedison, étaient mis aux enchères les 7, 8 et 9 juin, des biens provenant des diverses résidences Ferruzzi. Un tableau de Jan Frans Van Bloemen,Vue de Rome depuis les collines de la Farnesina, a atteint avec une enchère de 566 millions de lires (1,9 million de francs), le record mondial réalisé par une œuvre de cet artiste.
MILAN - Précédée d’une importante campagne publicitaire, annoncée largement par la presse, la vente s’est déroulée dans une atmosphère de grande euphorie, et a attiré au siège milanais de Sotheby’s une foule de particuliers. Certains d’entre eux auraient agi pour le compte de membres de la famille, afin de racheter quelque objet particulièrement sensible. La vente a été réalisée à 99,8 % le premier jour, pour un total de 1,2 milliard de lires (4,2 millions de francs), pratiquement le double de ce qui était prévu.
Selon une tactique éprouvée, Sotheby’s a commencé par proposer les lots de qualité moindre qui, s’ils peuvent rencontrer des difficultés dans l’ambiance d’une vente normale, ont les meilleures chances dans des occasions comme celle-ci et atteignent des valeurs difficilement égalables. Les lustres, par exemple, ont recueilli des offres cinq fois supérieures à leur estimation. Chacun des 230 premiers lots était évalué aux alentours de 10 millions de lires (35 000 francs), ce qui n’excluait pas des lots allant de 100 000 lires (350 francs) à 30 millions de lires (100 000 francs environ).
Deux tapisseries : l’une, flamande, du XVe siècle, à l’ornement héraldique, est passée d’une estimation de 20 à 30 millions de lires (70 000 à 105 000 francs environ) à une adjudication finale de 80,5 millions de lires (282 000 francs environ), et l’autre, flamande elle aussi, mais du XVIe siècle, s’est vendue 55,2 millions de lires (184 000 francs), pour une estimation maximale de 50 millions de lires. Au second rendez-vous, les marchands présents dans la salle se tenaient prêts à saisir au vol les occasions – comme ce fut le cas d’une belle "Nature morte au gibier" de Felice Boselli, adjugée pour environ 10 millions de lires (35 000 francs). Mais ils ont presque toujours été dépassés par les particuliers, qui bien qu’attentifs au rapport qualité prix, n’ont pas manqué de se laisser séduire par les objets "fétiches". Par exemple, le service d’assiettes en faïence offert à Idina Ferruzzi pour ses noces avec Raoul Gardini : les mille pièces composant le service, divisées en dix lots, se sont vendues à plus de 30 millions de lires (105 000 francs), plus du double de l’estimation. On reste aussi perplexe devant le résultat obtenu par deux vues de Venise, La lagune et l’île Santa Elena et Le môle du bassin de Saint Marc, répertoriées comme les œuvres d’un élève de Canaletto, estimées à 60/80 millions de lires et qui se sont vendues presque 160 millions de lires (560 000 francs).
Un collectionneur de Milan a obtenu deux Zuccarelli, Scène pastorale et Paysage aux bergers, respectivement pour 55 et 54 millions de lires (192 500 francs et 189 000 francs), chiffres alignés sur les estimations du catalogue. Mais la grande surprise est venue de la belle Vue de Rome depuis les collines de la Farnesina de Jan Frans Van Bloemen qui, estimée à 250/300 millions de lires, a atteint avec une enchère de 566 millions de lires (1,9 million de francs), le record mondial réalisé par une œuvre de cet artiste. L’acquéreur, resté anonyme, est un collectionneur privé italien.
Le total de la seconde soirée est un peu supérieur à 1,8 milliard de lires (6,3 millions de francs environ). Les 99 % de lots vendus confortent le succès de l’opération qui avait déjà dépassé, avant la troisième vente, le seuil de l’estimation minimale prévue de 3 milliards de lires (10,5 millions de francs).
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Milan : La vente Ferruzzi fait le plein
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Milan : La vente Ferruzzi fait le plein