États-Unis - Foire & Salon

Foire d’art contemporain

Miami n’est pas Bâle

Malgré une offre de grande qualité, le commerce fut à plusieurs vitesses sur Art Basel Miami Beach

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2010 - 749 mots

MIAMI BEACH - Après un millésime 2009 très hétérogène, la foire Art Basel Miami Beach (Floride) a retrouvé son niveau d’exigence pour la cuvée organisée du 2 au 5 décembre.

Si une petite poignée de stands comme Eva Presenhuber (Zurich) trahissaient un étonnant laisser-aller, la plupart des marchands avaient déployé de vrais efforts, à l’image de l’excellent accrochage de la galerie Luciana Brito (São Paulo) autour des œuvres de Waldemar Cordeiro. 
Malgré un contexte économique incertain, les participants n’avaient pas lésiné sur la grosse artillerie, ainsi des œuvres de Kenneth Noland chez Mitchell-Innes & Nash (New York). Sean Kelley (New York) amorçait sa collaboration avec Kehinde Wiley avec un superbe tableau horizontal de sept mètres de long. Chez Christian Stein (Milan), un saisissant ensemble de photographies de James Turrell retenait l’attention. La section « Art Nova » fut quant à elle d’une qualité infiniment supérieure aux précédentes éditions. Le visiteur avait de quoi se régaler entre le travail de manipulation historique de Robert Kusmirowski chez Zak Branicka (Berlin), ou le merveilleux accrochage de Dvir (Tel-Aviv) autour de Mircea Cantor, Ariel Schlesinger et Naama Tsabar. Praz-Delavallade (Paris) avait enfin consacré l’ensemble de son stand à une rétrospective du travail de Jim Isermann axé sur l’abstraction. Un choix culotté mais porteur. La Albright-Knox Art Gallery de Buffalo (New York) a emporté une peinture historique de l’artiste. Les institutions américaines furent d’ailleurs beaucoup plus actives que l’an dernier. Le Hammer Museum (Los Angeles) a ainsi acquis une pièce de Haim Steinbach chez Tanya Bonakdar (New York), tandis que le Metropolitan Museum of Art (New York) a réservé chez Sommer (Tel-Aviv) une vidéo de Yael Bartana, Degenerate Art Lives, fondée sur des dessins d’Otto Dix. Un grand musée new-yorkais a quant à lui posé une option chez Lombard-Freid Projects (New York) sur Maximum Sensation, une installation de Mounir Fatmi dont une variante avait été achetée par la Fondation Louis-Vuitton (Paris) à la FIAC à Paris en octobre. Si le salon s’est révélé homogène, le marché fut lui à vitesses variables. Les œuvres classiques à prix « raisonnables » figurent au premier rang des ventes. Xavier Hufkens (Bruxelles) a ainsi cédé d’emblée ses pièces d’Antony Gormley et de George Condo. Max Hetzler (Berlin) a fait un carton en vendant notamment une grande installation de Marepe à l’éditeur allemand Benedikt Taschen. Les piliers de l’histoire de l’art ont trouvé preneur à la Galerie 1900-2000 (Paris) ou Gmurzynska (Cologne), mais une bonne partie de l’arsenal moderne déployé sur la foire est restée en rade.

Retard à l’allumage
lors du vernissage Autre succès, les artistes jeunes ou en milieu de carrière adoubés par les prescripteurs, à l’instar de Nathan Hylden, acheté aussitôt par Rosa de la Cruz chez Johann König (Berlin), ou de Pavel Althamer, dont deux sculptures ont été saisies par Patricia Vergez chez neugerriemschneider (Berlin). En revanche, hormis quelques exceptions comme Miguel Abreu (New York) et Chez Valentin (Paris), les galeries de taille intermédiaire présentes dans la section « Art Nova » ont trouvé les ventes poussives, alors que dans la piètre section « Art Positions » des propositions consternantes de facilité ont rapidement trouvé preneur. Mais surtout, les galeries ont été surprises par un vernissage excessivement mou. Certes, les organisateurs avaient réduit le nombre de cartes VIP pour éviter tout engorgement. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’absence de quelques gros collectionneurs, notamment européens, et un tel retard à l’allumage. « C’était plus calme que les années précédentes, confiait Glenn Scott Wright, directeur de la galerie Victoria Miro (Londres). Beaucoup d’Européens ont eu de la peine à venir à cause de la neige, et des vols en provenance aussi bien de New York que de Suisse et d’Allemagne ont été annulés. » La galerie n’en a pas moins cédé plusieurs œuvres dans une gamme de prix allant de 200 000 à 600 000 dollars [150 000-450 000 euros]. Tout dépend donc du niveau des attentes. Ainsi, pour sa première participation, Sébastien Janssen [galerie Rodolphe Janssen, Bruxelles] s’avouait satisfait des ventes, tout en reconnaissant que ce n’était pas l’euphorie. « Si je ne devais penser qu’aux œuvres facturées et dont j’aurais encaissé l’argent, je serais en train de grogner, confiait Joost Bosland, de la galerie Michael Stevenson (Le Cap, Afrique du Sud). Mais je suis content, car j’ai rencontré plus de gens intéressants en un jour que sur la totalité de la foire l’an dernier. » S’il est difficile de tirer un bilan très tranché, une chose reste sûre : Miami n’est pas Bâle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°337 du 16 décembre 2010, avec le titre suivant : Miami n’est pas Bâle

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