Maurice Tzwern expose une centaine d’œuvres d’art issues du courant industriel. Meunier, sculpteur et peintre, y apparaît comme un artiste novateur, dont le génie inventif et le réalisme vibrant ont marqué toute une génération de créateurs belges et étrangers au tournant du siècle.
BRUXELLES - Quatre niveaux, parquets teintés, murs blancs et escalier à vis servent de cadre à la première rétrospective consacrée à Constantin Meunier en Belgique depuis trente ans. Tous les Belges connaissent l’artiste, né en 1831 et mort en 1905 en pleine gloire : les pièces de 50 centimes encore en circulation affichent sur l’avers une puissante figure de mineur. C’est la pièce la moins chère dont dispose le pays, mais sans aucun doute la plus forte. Meunier est devenu très tôt un symbole majeur pour la classe ouvrière.
La centaine d’œuvres présentées – dont 70 Meunier – et quelques documents ou souvenirs historiques constituent le fruit de vingt ans de récolte, “au hasard des ventes publiques ou des rencontres avec des marchands et des particuliers”, confie le galeriste. Une cinquantaine d’entre elles sont à vendre, à des prix oscillant entre 250 000 et 1 million de francs belges (40 000 et 150 000 francs français) ; les autres sont prêtées par des musées ou des collectionneurs anonymes.
Meunier, élève de Jeuhotte puis de Fraikin à l’Académie de Bruxelles, est d’abord sculpteur. Ensuite, sous l’influence de Navez puis de Degroux, il devient peintre et se met à exécuter des toiles à sujets historiques.
La vie du monde ouvrier
Le monde religieux constitue une autre source importante de sa création. Les Trappistes de Westmael lui ont fourni nombre d’occasions de travailler sur des scènes imprégnées de méditation. C’est toutefois en 1878 et 1879 que Meunier aborde de manière constante le monde du travail. Des visites dans les usines de John Cockerill, à Liège, et dans les cristalleries du Val Saint-Lambert, sur la Meuse, font de lui un chantre de l’épopée industrielle. En 1882, il part en Espagne, d’où il ramène des toiles figurant des scènes de tauromachie, de flamenco, mais surtout des vues de manufactures de tabac.
À partir de 1884, l’artiste se remet à la sculpture, sans arrêter de peindre. Les vingt dernières années de son existence seront peuplées de personnages en bronze, grandeur nature, de considérables monuments publics installés à Anvers, Bruxelles, Laeken... figurant des débardeurs, des puddleurs, des hiercheuses ou des semeurs. Le milieu des mineurs est une importante source de sujets. Les ouvriers y sont représentés seuls ou en compagnie de leurs chevaux de somme. On se souviendra notamment de Grisou, terrible scène qui montre la déploration du fils mort, sur les genoux de sa mère, à la suite d’une explosion dans une mine, près de Mons. L’exposition offre donc une redécouverte du maître bruxellois, mise en parallèle avec ses contemporains soucieux de décrire la vie du monde ouvrier. Mellery, Rops, Van der Stappen, Rassenfosse, François Maréchal, Léon Frédéric, entre autres, participent d’une même volonté de magnifier le travail de gens que Meunier aimait simplement pour eux-mêmes.
CONSTANTIN MEUNIER, exposition-vente jusqu’au 17 avril, galerie Maurice Tzwern, 36 rue aux Laines, 1000 Bruxelles, tél. 32 2 511 84 49, tlj sauf lundi 14h-18h. Catalogue, 280 F.
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Meunier, peintre du travail
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°55 du 27 février 1998, avec le titre suivant : Meunier, peintre du travail