Vente à Drouot d’un ensemble exceptionnel d’estampes de Matta réunies par un admirateur passionné.
PARIS - Les surréalistes ont le vent en poupe depuis quelques années. Les ventes André Breton à Drouot chez CalmelsCohen en avril 2003 et Julien Levy chez Tajan en octobre 2004 et juin 2006 ont notamment redonné un coup de fouet aux artistes plus ou moins connus du mouvement. Le 8 novembre, le surréalisme sera à nouveau à l’honneur à Drouot avec la fabuleuse collection d’estampes d’un amateur inconditionnel de Matta. Journaliste parisien à l’ORTF puis à France Culture, Jean Bernard a réuni avec patience et passion pratiquement tout l’œuvre gravé de l’artiste chilien entre 1943 et le début des années 1990. « Jean Bernard a couvert la carrière de Matta, collectionnant des suites de plusieurs états d’une même estampe, des épreuves d’essai et des épreuves d’ateliers. J’ai rarement vu une collection aussi homogène. Cette vente est presque une anthologie de l’œuvre gravé de Matta », commente le commissaire-priseur Jean-Jacques Mathias. Une amitié naîtra entre les deux hommes comme en témoigne la lettre augmentée de dessins de Matta à son collectionneur et réalisée sur une page de devoirs scolaires, véritable œuvre surréaliste estimée 1 200 euros. L’artiste a aussi dessiné pour Jean Bernard un monogramme dont tous les lots de cette vente porteront la marque au dos.
Quelques dessins et une trentaine de livres illustrés par Matta ouvrent la vacation. Mais l’estampe reste reine. Très accessibles, les lots ont été estimés entre 100 et 2 000 euros. Par coutume pour les estampes, le classement chronologique s’impose. Ainsi les premiers lots, par leur ancienneté, leur rareté et leur sujet, s’adressent à un public d’amateurs avertis, telle The New School (1943), une suite complète et homogène des sept épreuves d’essai accompagnées des quatre planches inédites du premier tirage, sur vélin ivoire, numérotées et signées. Elle est estimée 2 000 euros, mais à en juger par le fort intérêt porté par un certain nombre de collectionneurs avisés, « on s’attend à ce qu’elle fasse cinq à dix fois ce prix », s’avance l’expert Nicolas Romand. « À partir des années 1960, l’artiste se lance davantage dans la couleur. Les sujets sont plaisants. C’est ce qui va le plus attirer le grand public », poursuit l’expert qui a opté pour un découpage didactique de la collection. La plupart des lots allient l’aspect décoratif à l’intérêt technique à l’instar de Les Oh ! Tomobiles de 1972 proposées sous la forme d’une suite quasi complète de quatorze planches, estimée 1 500 euros ou d’une réunion de BAT (bons à tirer), estimée 900 euros. La lithographie de 1972, Un premier goal au Chili, estimée 250 euros, réunit en fait deux planches : l’une est une épreuve d’état en noir, unique car rehaussée à la main au pastel, tandis que l’autre est en couleurs définitives. Par ailleurs, Cherche Ève, de 1971, est un ensemble de deux épreuves d’essai, estimé 350 euros. « C’est mon choix d’insister sur le processus d’élaboration de l’estampe en réunissant par exemple deux états successifs d’une même gravure, défend Nicolas Romand. Pendant l’exposition des lots à la galerie, j’avais d’ailleurs réalisé un accrochage en double montage ». À saisir autour de 300 euros : des ensembles de deux pièces rehaussées au pastel qui sont des planches non éditées et donc uniques.
Jean Bernard a aussi élargi sa collection au cercle artistique de Matta. Ainsi l’on trouvera en fin de catalogue d’intéressantes estampes de Bellmer, Ernst, Calder, Lam, Masson, Magritte, Miró, Ubac ou encore deux superbes sérigraphies sur Altuglas signées Man Ray, estimées 1 200 euros chacune.
ROBERTO MATTA ET LES SURRÉALISTES D’APRÈS-GUERRE, LA COLLECTION JEAN BERNARD
Vente le 8 novembre à Paris, Drouot Richelieu, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Mathias, tél. 01 47 70 00 36, expositions publiques : le 7 novembre 11h-18h, le 8 novembre 11h-12h, www.blm-auction.com
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Matta, le collectionneur et les surréalistes
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Abonnez-vous dès 1 €- Experts : Jean-Claude et Nicolas Romand (estampes et livres illustrés), Cabinet Schoeller (dessins) - Estimation : 200 000 euros - Nombre de lots : 312
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°246 du 3 novembre 2006, avec le titre suivant : Matta, le collectionneur et les surréalistes