Lumière des roses, fondée par Marion et Philippe Jacquier à Montreuil (Seine-Saint-Denis), est une galerie spécialisée dans la photographie anonyme ou signée d’auteurs peu connus.
De grands noms de la photographie du XIXe siècle émaillent cependant la programation. L’invitation faite à la photographe Simone Kappeler est une première.
Philippe Jacquier : Nous avions envie de travailler avec des artistes contemporains. Mais nous ne sommes pas une galerie d’art contemporain et ne cherchons pas à l’être.
Marion Jacquier : Cela relève d’une autre démarche. Simone Kappeler est représentée par Esther Woerdehoff et a effectué ses premiers achats de photographies anonymes chez nous, lors de sa participation au Salon Paris Photo où elle présentait ses Cibachromes sur les États-Unis.
P.J. : À chaque fois qu’elle vendait, elle venait sur notre stand pour acheter une photographie qui était accessible, entre 300 et 3 000 euros. Ce n’était pas une habitude chez elle. Dans ses premiers achats elle était tournée vers le XIXe siècle, puis elle a diversifié. Il y a donc une connexion avec les photos que nous lui avons vendues, 90 % de sa collection présentée vient de chez nous…
M. J. : Les cyanotypes de Simone résonnent par ailleurs avec ceux que l’on retrouve dans nos boîtes XIXe.
P. J. : Et, critère absolu pour nous : ils sont des pièces uniques (vendues selon le format entre 4 500 et 5 000 €, NDLR).
P. J. : C’est un marché de niche où trouver la pièce exceptionnelle devient plus compliqué. Cette situation a conduit à trouver d’autres circuits et à payer plus cher, par conséquent à vendre à un prix plus élevé. Mais il y a une limite. On ne vendra pas une photographie amateur à 10 000 euros. Une pièce exceptionnelle peut partir néanmoins à 8 000 euros, comme en 2016 pour cette photographie de la Royal Air Force réalisée lors d’une attaque nocturne sur Berlin en 1943. La qualité de l’image compte plus que l’auteur.
M. J. : Ce type de photographie n’est pas un investissement, c’est un coup de cœur. Les collectionneurs au-delà du collectionneur de photographies sont plus nombreux à s’y intéresser.
P. J. : Au niveau des musées, les rangs s’élargissent aussi, mais ils préfèrent en général avoir un nom d’auteur même s’il n’est pas connu.
P. J. : Parce que l’on ne peut pas arriver deux fois par an avec une proposition aussi forte et aussi neuve. Aller à l’Aipad à New York [organisateur de The Photography Show, 5-8 avril] signifie d’autre part retrouver les mêmes clients qu’à Paris Photo.
M. J. : Nous n’avons pas des artistes qui produisent. Nous partons des photographies que l’on trouve. D’où nos trois expositions seulement par an dans notre galerie.
P. J. : Non, cela s’est fait au fur et mesure que nous devenions plus exigeants, plus pointus. Cette photographie de l’atelier de Le Gray, nous ne l’avons jamais vendue car on s’était trompé sur le prix, bien trop élevé, 50 000 euros.
M. J. : Et on ne l’a jamais ressortie depuis !
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Marion et Philippe Jacquier : « La photo anonyme ou d’amateur est un coup de cœur »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°497 du 16 mars 2018, avec le titre suivant : Marion et Philippe Jacquier, directeurs de la galerie Lumière des roses à Montreuil : « La photo anonyme ou d’amateur est un coup de cœur »