PARIS
À l’occasion de l’ouverture d’un second espace rue de Penthièvre à Paris, Françoise Livinec met en lumière l’artiste aujourd’hui redécouverte.
Paris. Aucune exposition personnelle n’avait été consacrée à Marie Vassilieff (1884-1957), Russe d’origine, arrivée à Paris en 1907, après sa présentation par la Galerie Hupel en 1969 et 1971. « Je travaille sur cette exposition depuis plus de dix ans. J’avais un fonds d’œuvres que j’ai étoffé. Par goût. Ce qui me plaît chez elle, c’est sa liberté. Il n’y a pas de série, chaque œuvre est forte, avec cette écriture de soi, explique Françoise Livinec. C’est, je pense, l’exposition la plus importante de cette artiste, mais nous sommes toujours au niveau zéro de reconnaissance de son œuvre. Pourtant, tous les musées se sont déplacés. »
Personnalité libre et indépendante, jamais attachée à une galerie, Marie Vassilieff est une des figures de proue de l’avant-garde à Paris et plus particulièrement de Montparnasse, alors en pleine effervescence. Là, elle va fédérer autour d’elle une communauté d’artistes en créant l’académie Vassilieff (qui héberge aujourd’hui l’association Aware [Archives of Women Artists, Research and Exhibitions]) où se côtoient entre autres Modigliani, Soutine ou Zadkine. Contrainte de fermer pendant la Grande Guerre, elle y installe une cantine populaire où se retrouvent autour d’une grande table en bois Picasso, Braque, Cocteau, Foujita…
L’artiste livre une œuvre tout à fait singulière. Si elle fit un temps partie du mouvement cubiste, sa peinture évolue dans les années 1920 vers des formes arrondies et des couleurs adoucies. Aussi, la présentation de la cinquantaine d’œuvres (dont 6 huiles) – pour des prix allant de 1 000 euros à 1 million d’euros – a été scindée en deux : dans le nouvel espace, au 30, rue de Penthièvre, sont accrochées les œuvres cubistes (dont Nue, 1913, et Scipion l’Africain, 1916), quand le numéro 24 se concentre sur celles des années 1930 à 1950. Souvent inclassables, ses créations sont tour à tour tristes (Couple à l’enfant, 1947), joyeuses, religieuses (inspirées des icônes russes traditionnelles) ou érotiques. Artiste pluridisciplinaire, elle réalise aussi des poupées en rhodoïd (l’une est exposée), des costumes de théâtre, du mobilier, des panneaux décoratifs pour la brasserie La Coupole, et lance même un parfum, Arlequinade, conçu avec Paul Poiret.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Marie Vassilieff, libre et moderne
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°601 du 16 décembre 2022, avec le titre suivant : Marie Vassilieff, libre et moderne