Maitres anciens : un marché euphorique

La forte progression du marché des tableaux anciens, en 1998, s’est prolongée durant toute l’année 1999, qui a été marquée par de très fortes enchères, approchant parfois celles des tableaux modernes. La raréfaction des chefs-d’œuvre, que se disputent âprement musées et collectionneurs fortunés, a abouti à des résultats surprenants pour Sotheby’s et Christie’s lors des ventes organisées à New York en janvier. L’Agonie au Jardin, un Poussin présenté par Sotheby’s, est parti à 6,7 millions de dollars (38,9 millions de francs), tandis qu’un Pieter Bruegel Le Jeune, Le Triomphe de la mort, était adjugé 2 millions de dollars (11,6 millions de francs). Chez Christie’s, la surprise est venue d’un Vélasquez, Santa Rufina– attribué à Murillo au milieu du XIXe siècle – qui s’est envolé à 8,9 millions de dollars, un record mondial pour le peintre. Londres a connu aussi de très fortes enchères en juillet, lors de la dispersion de quelques grandes toiles de la collection Rothschild, comme le Portrait de Tieleman Roosterman par Frans Hals, adjugé 8,5 millions de livres sterling (environ 85 millions de francs) au profit du Cleveland Museum of Art.

À Paris, le marché, bien que moins riche en chefs-d’œuvre, a été très soutenu avec des prix très élevés. La plus forte enchère de l’année, à Drouot, est allée à un tableau de Gerrit Berckeyde, Vue de l’église Saint-Bavon à Haarlem, qui s’est envolé à 26 millions de francs, le 16 juin (étude Baron, Ribeyre). Plusieurs records ont été battus : une nature morte d’Osias Beert s’est vendue 13,4 millions de francs, et La Maison du jardinier, une huile de Jean-Baptiste Oudry, 6,8 millions de francs. Ces prix se sont propagés aux ventes de tableaux de petits maîtres, comme en témoigne l’adjudication à 1,3 million d’une petite huile de Jan van der Heyden (1637-1712), à Drouot, le 8 décembre, dans une vente Piasa (lire p. 29 notre article sur le marché des maîtres anciens).