MADRID / ESPAGNE
Au lendemain du vernissage, de nombreux galeristes semblent satisfaits de l’ambiance et des premières transactions.
Quand on croise des galeristes en train de jouer au Ping-Pong au beau milieu d’une foire le lendemain du vernissage, on se dit que le projet situationniste finira bien par se réaliser un jour. A moins qu’il ne faille voir là plus simplement le signal de la fin de partie pour les marchands à peine le salon ouvert ? Ou au contraire le signe que les affaires ont été plus que bonnes dès le premier jour ? Dans les deux cas, on peut dire que GB Agency (Paris), a été prévoyante en amenant cette table de Ping-Pong de Julius Koller.
Pas d’hystérie lors du lancement de cette 37ème édition de l’ARCO mais des mines réjouies affichées sur tous les stands qui semblent indiquer que l’ARCO a réussi une fois de plus à concilier exigence qualitative et commerce. La présence de collectionneurs européens, mais aussi d’Amérique du Sud ainsi que de nombreux commissaires et responsables institutionnels en attestent.
Jérôme Poggi (Paris) qui revient pour la cinquième année ne tarit pas d’éloges pour « cette foire qui n’est pas très chère comparée à d’autres formats équivalents, très aérée, qui attire des collectionneurs exigeants du monde entier et notamment d’Amérique du Sud. C’est aussi une organisation qui est parfaite et très prévenante aussi bien pour les galeristes que pour tous les professionnels qui s’y donnent rendez-vous. » Rosemarie Scharzwälder (Scharzwälder Nächst St Stephan, Vienne), qui a longtemps fait partie du comité de la foire, se réjouit de l’atmosphère détendue du salon. « Dans un contexte où les collectionneurs sont fatigués du gigantisme des foires se ressemblant les unes les autres j’apprécie la qualité des stands au caractère intime, même si le weekend, il y a un monde fou. Il faut se rappeler que cette foire a été fondée après la fin du franquisme et a accompagné à l’époque le bouleversement social d’une Espagne qui s’ouvrait à la culture contemporaine internationale. Depuis l’ARCO reste un rendez-vous incontournable pour de très nombreux madrilènes. »
Sabine Schmidt, directrice de PSM (Berlin) est tout aussi enthousiaste. Elle regrette néanmoins cette année « l’absence d’un focus pays, comme l’Argentine l’année dernière. Ces focus génèrent de véritables émulations entre collectionneurs. » La berlinoise note un léger ralentissement des affaires cette année, un sentiment partagé par certains confrères, alors que d’autres se sont défaits de l’intégralité de leur stand le premier jour.
Silvia Dauder, directrice de la galerie Projecte SD (Barcelone) analyse ainsi la conjoncture du marché : « vendre à un moment donné ne veut rien dire. Ce qui est intéressant c’est ce que l’on vend, à qui et comment. Tout est une question de temps. Dans un contexte où domine l’économie de l’attention modelée sur Instagram, on voit une nouvelle génération de collectionneurs ici comme ailleurs, qui disposent de très peu de temps. Or je pense qu’une œuvre ne peut s’appréhender en quelques secondes. ARCO est un modèle de foire qui favorise cette prise de recul nécessaire favorisant la rencontre et la conversation. »
Mais la « conversation » peut être interrompue, sur décision de la foire même : le premier jour, l’œuvre de l’artiste espagnol Santiago Sierra Presos politicos (prisonniers politiques) accrochée en face de l’entrée de la foire sur le stand d’Helga de Alvear (Madrid) a été décrochée. Selon les organisateurs, cette œuvre constituée de photos d’indépendantistes catalans emprisonnés allait détourner l’attention médiatique vers une question politique. Un acte de censure en fait qui rappelle à un milieu artistique international hors-sol l’ancrage de la foire dans un contexte politique local éruptif et dans une société qui n’a pas encore évacué les réflexes hérités de plusieurs décennies de franquisme.
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A Madrid, l’ARCO entre bonne humeur, excellence et scandale de censure
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