MAASTRICHT - “C’est la meilleure foire de Maastricht que j’ai jamais faite. J’ai vendu dès le premier jour quelques pièces à plusieurs millions de francs”, s’exclame Nicolas Kugel. Même enthousiasme sur le stand de Georges de Jonckheere qui, trois jours avant la fin de la foire, avait déjà vendu sept tableaux, dont un Abraham Mignon, Bouquet de fleurs avec des oiseaux, ainsi que sur celui des marchands Philippe Cazeau et Jacques de la Béraudière. “C’est une foire extraordinaire, la meilleure au monde. La plupart des visiteurs viennent pour acheter. J’ai des contacts sérieux pour la moitié des tableaux que j’expose”, précise Jacques de la Béraudière. Bernard Blondeel indique avoir cédé 16 pièces d’antiquités et deux tapisseries, et Emmanuel Moatti quatorze tableaux et dessins. “Les achats me semblent plus spontanés que les années précédentes, particulièrement pour les pièces moyennes”, souligne le marchand de la rue de l’Élysée.
Les visiteurs sont venus plus nombreux cette année. Le vernissage a attiré plus de 8 000 visiteurs, et à la fin du premier week-end, les organisateurs comptabilisaient 23 000 entrées (en augmentation de 25 %). Cette forte fréquentation s’est poursuivie en semaine, avec 6 000 visiteurs par jour en moyenne. D’avantage d’Européens du Sud (Espagnols et Italiens) mais aussi de Français ont foulé les allées de la foire. Ils sont venus se joindre aux collectionneurs de l’Europe du Nord (Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Danemark), du Royaume-Uni et des États-Unis, depuis longtemps fidèles au salon.
Pour constituer ce musée éphémère, les marchands avaient apporté leurs plus belles œuvres, achetées auprès de particuliers… ou en vente publique. Certaines, qui avaient été acquises quelques semaines plus tôt chez Sotheby’s ou Christie’s, trônaient déjà sur les stands. Ainsi, le Grand Canal vu depuis le Campo di san Vio de Canaletto, enlevé à 6,6 millions de dollars chez Christie’s en janvier, était proposé par Richard Green à 6 millions de livres sterling. Otto Naumann demandait 5,5 millions de dollars pour la grande Crucifixion du Maître de la mort de Saint-Nicolas de Münster, qu’il a achetée 3,5 millions de dollars en janvier à New York. Landau Fine Art vendait 5 millions de dollars (environ 34 millions de francs) une huile de Picasso, Dora Maar au foulard jaune, acquise pour 10,2 millions de francs en octobre 1998 à Paris.
Moines dans une crypte
Des transactions importantes ont été enregistrées dans toutes les sections. Colnaghi a cédé un Rubens, la Fête d’Hérode, à un collectionneur ; Johnny van Haeften un Bruegel, Le Christ et la femme adultère ; le marchand hollandais Erwin Gierhards un paysage d’été de Barend Cornelis Koekkoek ; Jean-François Heim une huile de Carl Georg Scheuermann et une aquarelle de Carle Vernet ; et Emmanuel Moatti un François Marius Granet, Moines dans une crypte en ruine. Anisabelle Berès a vendu dès le vernissage un petit Maurice Denis, Femme devant la fenêtre bleue, et David Tunick une estampe de Picasso, Faune dévoilant une femme.
Quelques photographies ont fait leur apparition, des tirages de Le Gray et de Man Ray notamment, présentés sur le stand de Maurice Keitelmann. Haut niveau d’affaires également dans la section Antiquités et Objets d’art. Robert Bowman a cédé 180 000 dollars sa pièce la plus importante, Jeune mère d’Auguste Rodin, et Koopman Rare Art s’est séparé d’une paire de candélabres réalisées par Paul Storr (100 000 livres sterling). Ben Janssens Oriental Art a connu un premier week-end tonitruant, avec plus de 30 œuvres parties en deux jours. Les marchands d’antiquités méditerranéennes ont, eux aussi, bien tiré leur épingle du jeu ; ainsi, Jean-David Cahn a vendu un grand nombre de pièces, dont un buste d’une jeune romaine en marbre (100 après J.-C.).
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Maastricht plus fort que jamais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°102 du 31 mars 2000, avec le titre suivant : Maastricht plus fort que jamais