Lumières du Nord

Une galerie consacrée à l’art scandinave

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 531 mots

Pour Ingrid Fersing Ferreira, fille d’un artiste danois, l’art scandinave, était déjà une affaire de famille. Il est ensuite devenu une prédilection et, depuis peu, l’inspiration d’un lieu, la Nordisk Galleri.

PARIS - Scandinave jusqu’à son nom, la Nordisk Galleri d’Ingrid Fersing Ferreira s’est ouverte, en novembre, au 3, rue de Tournon. Son ambition est de présenter au public parisien non seulement des tableaux, du mobilier et des objets d’art, mais également des livres scandinaves, traduits en français.

"Pour les Français qui ne connaissent pas l’art scandinave, j’ai voulu recréer une atmosphère et montrer la spécificité de l’art de chaque pays de la région," explique Ingrid Fersing Ferreira. Âgée de 31 ans, elle est la fille du peintre Aage Fersing, qui, arrivé à Paris après la guerre, exposait notamment chez Katia Granoff, avant de devenir ensuite marchand.

Installée sur trois étages dans d’anciens bureaux, la Nordisk Galleri a nécessité une année de travaux de rénovation sous la direction du décorateur new-yorkais J. W. Laney. Pendant ce temps, Ingrid Fersing Ferreira effectuait de nombreux voyages au Danemark et en Suède pour y chiner tableaux, meubles et objets dans les maisons de ventes et chez les marchands. L’été prochain, elle compte aller jusqu’en Norvège – où l’art et le mobilier reflètent, la longue domination danoise –, ainsi qu’en Finlande.

Presque inconnu en France
"Presque inconnu en France, l’art scandinave est déjà fortement exploité par les marchands britanniques et américains," explique-t-elle. "Les tableaux danois de la première moitié du XIXe siècle, par exemple, ce que l’on appelle l’âge d’or de la peinture au Danemark, sont pour ainsi dire impossibles à trouver. J’ai donc essayé de mélanger mobilier, tableaux de maîtres et des œuvres plus accessibles."

Les œuvres qu’elle expose vont des lithographies du XIXe siècle, dont les prix avoisinent les 700 francs, au très intense Intérieur de Carl Holsöe, à 250 000 francs, le tableau le plus cher de la Nordisk Galleri. Accroché à côté, l’Automne dans la forêt, fin XIXe siècle, du danois Carl Carlsen, est à 180 000 francs, et Portrait de mon père, 1909, une petite huile sur carton de la danoise Ebba Holm, à 5 000 francs. Sous les tableaux est dressée une table de salon danoise, époque Empire, vers 1801-1820, et en face, une glace dans un cadre "gustavien" en bois sculpté et doré vers 1800, sous le règne de Gustave III de Suède.

Ancien élève, comme Jackson Pollock, entre autres, de l’école des beaux-arts new-yorkaise The Art Student League, Ingrid Fersing Ferreira a également étudié l’histoire de l’art à la Sorbonne Paris-IV. La rédaction d’un mémoire de maîtrise sur le peintre danois Vilhelm Hammershoi a été le point de départ de la création de la Nordisk Galleri.

L’esthétique des Pays du Nord – les lignes très épurées du mobilier, qui privilégie la beauté du bois en soi et le bois peint, l’émotion très contenue de la peinture – peut-elle plaire aux Parisiens ? Ravie de l’accueil qui lui a déjà été fait, Ingrid Fersing Ferreira fait remarquer que, de tous les visiteurs de la galerie, ce sont les Italiens, pourtant plus latins dans leurs goûts que les Français, qui ont montré le plus d’enthousiasme pour l’art scandinave qu’elle propose.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Lumières du Nord

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