Le résultat de la vente du contenu d’Ickworth House, organisée par Sotheby’s les 11 et 12 juin, a totalisé 2 365 700 livres (près de 19 millions de francs), soit plus du double des estimations initiales. Seuls 11 des 776 lots mis en vente par le marquis de Bristol n’ont pas trouvé d’acquéreur.
LONDRES (de notre correspondant) - Bien qu’Ickworth House soit la propriété du National Trust depuis 1966, ce dernier n’a bénéficié d’aucun privilège pour se porter acquéreur avant la vente, dont tous les objets provenaient des appartements privés de Lord Bristol. Le National Trust a néanmoins réussi à acheter 17 lots, pour un montant de 242 000 livres (1,93 million de francs), financés à 75 % par une subvention de l’Heritage Lottery Fund. Parmi les dix toiles achetées par le Trust, une copie d’époque d’un paysage du Lorrain (69 700 livres, soit 558 000 francs), une Sibylle du Guerchin (65 300 livres, soit 522 000 francs), ainsi que des œuvres de moindre envergure, cataloguées "d’après Annibal Carrache", "d’après le Guerchin", "manière de Reni", "cercle de Venusti", "attribué à Zoffany", et des toiles des écoles française, anglaise et allemande. Il a également acquis une paire de chandeliers, une pendule, deux bustes, une estampe et deux plans d’Ickworth. Mais sa plus grande déception a été de laisser échapper un lot de sept albums photographiques comportant des vues d’Ickworth, des portraits de famille… Estimés entre 200 et 300 livres, les albums sont partis à 2 300 livres (18 400 francs).
Une maison aux Bahamas
Les deux meilleurs lots de la vente ont dépassé de très loin leurs estimations. Un Autoportrait au tournesol de l’atelier de Van Dyck, estimé entre 15 000 et 20 000 livres, a atteint 210 500 livres (1,68 million de francs), et un Portrait de la marquise Balbi, attribué à Van Dyck, s’est vendu 33 500 livres (268 000 francs) pour une estimation de 4 000 à 6 000 livres. Estimés entre 50 000 et 80 000 livres, les portraits du couronnement de George III et de la reine Charlotte, par Ramsay et son atelier, ont fait 117 000 livres (936 000 francs).
Deux manteaux de cheminée incrustés du XVIIIe siècle, estimés respectivement entre 30 000 et 40 000 livres et 10 000 et 12 000 livres, ont été retirés de la vente, sur plainte du National Trust faisant valoir qu’ils étaient une partie intégrante du patrimoine de la demeure : le catalogue Sotheby’s avertissait prudemment qu’ils seraient "déposés aux risques et dépens de l’acquéreur". Quatre autres pièces mineures ont été retirées pour les mêmes raisons : deux rideaux, une fontaine en plomb et une girouette. Des objets relativement modestes, liés à la maison et à la famille, ont également été dispersés. Lord Bristol avait même mis en vente une copie peinte de son arbre généalogique : estimée 150 à 200 livres, elle a finalement été retirée de la vacation. Mais huit titres de seigneurie ont été vendus 50 000 livres (400 000 francs). Juste avant la dispersion, Lord Bristol confiait : "Je me sens soulagé d’un poids énorme en me débarrassant de cette responsabilité qui m’a étranglé pendant vingt ans." Le VIIe marquis de Bristol, âgé de 41 ans, va utiliser le produit de la vente pour se construire une maison aux Bahamas.
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Lord Bristol fait recette
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Lord Bristol fait recette