En attendant l’an 2000 qui verra la rétrospective Alechinsky, présentée à Paris au Jeu de Paume, s’amarrer à Ostende pour une (unique) escale belge, Ronny Van de Velde offre un panorama qui comprend des peintures à prédelle, des dessins à remarques marginales à l’encre de Chine ou à l’acrylique, gravées ou surgies de frottages.
ANVERS - On retrouve quelques-uns des supports privilégiés du peintre, comme les cartes de navigation aérienne ou les pages d’atlas du XIXe siècle, ainsi que certains des thèmes révélés au grand public à l’occasion de la rétrospective parisienne, comme les Aiguilles.
À ces œuvres qui s’échelonnent de 1982 à 1996 et qui se négocient à partir de 320 000 francs belges (environ 53 000 francs français), répond un important ensemble imprimé. De cette immense production, quelques pièces symboliques de son travail de noir sur blanc ont été sélectionnées (en l’état, son catalogue compte déjà quelque 1 800 numéros). La diversité des techniques – lithographie, eau-forte, pointe sèche, xylographie... – répond à la diversité des supports – vergé, Japon, vélin de Rives, d’Arches ou de Johannot... À côté des petits formats réalisés pour les éditions Pierre-André Benoît, on retrouvera quelques formats monumentaux réalisés sur Voiron du XIXe siècle. La sélection, qui remonte jusqu’en 1948 avec Le Cirque, rend compte de l’évolution de l’œuvre et constitue, dans le registre du noir sur blanc, une réelle rétrospective.
Le prix des lithographies de grand format part de 120 000 francs belges pour monter jusqu’à 380 000 (20-63 000 francs français). Avant d’atteindre les mêmes plafonds, les eaux-fortes commencent à 190 000 francs belges, tandis que les albums se négocient entre 45 et 370 000 francs belges. On notera que pour commémorer cette exposition – la plus importante d’Alechinsky en Belgique depuis celle des Musées royaux des Beaux-Arts, en 1987 –, l’artiste a tiré une lithographie originale intitulée Izerenpoortkaai (49,5 x 65 cm), vendue 20 000 francs belges (environ 3 300 français). Un tirage de tête du catalogue, enrichi d’une eau-forte, Dame d’encre, est disponible à 12 000 francs belges (2 000 francs français).
Cobra, une aventure partagée
Fidèle à celui qui fut un de ses complices privilégiés, Alechinsky n’est pas venu seul. Il a offert à Ronny Van de Velde l’occasion de rendre hommage à Christian Dotremont. La Librairie Rossaert présente au public un ensemble de livres et de logogrammes dont la part majeure provient de la collection de Pierre et Micky Alechinsky. Peu d’œuvres y sont mises en vente. Quelques logogrammes, quelques éditions limitées – comme le Linolog réalisé avec Alechinsky – sont disponibles à partir de 20 000 francs belges.
Aboutissement d’un cheminement né du lien souple que fut Cobra, le logogramme tente l’impossible fusion du texte et de l’écriture dans une forme de calligramme “détricoté”. De Laponie coquillage où j’entends les siècles naître et mourir (1961) à S’élancer de presque rien... (1978), en passant par J’écris à Gloria (1969) et Pique-nique à la mort (1976), Dotremont dévide l’écriture pour en signifier la présence comme un jeu d’encre qui fait écran au sens. À côté des grammes, peintures-mots et autres œuvres partagées illustrent ce défi que constitue la poésie du logogramme. Que ce soit avec Corneille pour Le rouge est son propre lasso (1949) ou avec Appel et Alechinsky pour Pluies de roses, Dotremont témoigne de ce que Cobra reste avant tout une aventure partagée.
- ALECHINSKY, jusqu’au 30 mai, exposition-vente, Galerie Ronny Van de Velde, 3 Izerenpoortkaai, 2000 Anvers, tél. 32 3 216 30 47 ou 216 26 97. Catalogue 112 p. 1 250 FB. - CHRISTIAN DOTREMONT, jusqu’au 30 avril, Librairie Rossaert, 7 Nosestraat, 2000 Anvers, tél. 32 3 213 26 32. Dépliant 200 FB.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Logogus à Anvers
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°78 du 5 mars 1999, avec le titre suivant : Logogus à Anvers