22 000 F
Cette tête d’une divinité masculine, Lokeshvara, provient du site khmer du Bayon, dont les ruines datent du XIIIe siècle. Ce temple, qui est l’une des dernières constructions d’Angkor, comprend 80 tours ornées chacune de quatre visages de ce bodhisattva qui arbore une expression sereine, le célèbre « sourire d’Angkor ». Sa représentation en grès rose à patine brune est surmontée d’un chignon incorporant la trace érodée du bouddha Amitabha. L’expert Bernard Gomez, qui présentait cette pièce dans les salons Étoile-Marceau, y voit : « ce sourire typiquement khmer, très intériorisé, qui fait le charme de ces statues, avec la sobriété de leurs lignes. Ce Lokeshvara, divinité du panthéon bouddhique, est un sujet intéressant parce que rare. Il provient d’une collection constituée par un amateur français. L’art khmer est une des spécialités les plus appréciées par les collectionneurs français d’Extrême-Orient. Ils le connaissent beaucoup mieux que les productions des autres pays, ce qui crée une demande plus forte ».
Étude Ruellan, salons Étoile-Marceau, 26 février.
3 300 000 F
Une enchère qui marque un prix record pour les céramiques d’Iznik. Ce plat creux datant de 1550-1555 appartient à une série très rare, appelée le « groupe de Damas », dont les experts ont cru longtemps qu’elle n’avait pas été fabriquée à Iznik, en Turquie. Sa spécificité est une gamme chromatique particulière, où apparaissent les couleurs aubergine et vert tilleul, qui soulignent les bleus turquoise et cobalt. L’expert Jean-Gabriel Peyre, qui l’avait annoncé autour de 500 000 F, explique le prix obtenu par plusieurs éléments : « Ce plat d’une facture parfaite ne présente aucun défaut ; son décor plein, léger et aéré, forme une très belle composition où se répondent des courbes et des contre-courbes. De plus, il présente un bord chantourné, qui sera plus tard abandonné à Iznik. Il a bénéficié d’une bataille d’enchères ardue entre l’émir du Qatar et deux musées turcs, qui a pulvérisé l’estimation de cet objet, comme d’ailleurs presque toutes les pièces de cette vente. Elles provenaient de l’ancienne collection du docteur Chompret, un collectionneur de céramique, qui a su sélectionner des œuvres de grande qualité. »
Étude Pescheteau-Badin-Godeau & Leroy, Drouot-Richelieu, 28 février.
2 300 000 F
Dans le catalogue accompagnant la vente Greffulhe, l’expert en mobilier Roland Lepic précisait, à propos de cette chaise issue du cabinet de la méridienne de Marie-Antoinette à Versailles, qu’il s’agissait d’une « commande particulière passée au Garde-Meuble privé de la Reine qui possédait une entière autonomie permettant à la souveraine de réaliser ses souhaits sans réel obstacle ». Malgré sa rareté, cette pièce a obtenu son certificat d’exportation, ce qui justifie le record obtenu,
cinq fois supérieur à l’estimation.
Étude Binoche, Drouot Richelieu, 6 mars.
352 000 F
Ce meuble d’une grande originalité, conçu pour présenter des cartes ou des plans, a sans doute fait l’objet d’une commande particulière. En acajou massif, il est équipé de volets latéraux qui se déploient grâce à un système de crémaillère. Me Kohn, qui l’a expertisé et vendu, commente ainsi le prix obtenu : « Ce meuble qui sort de l’ordinaire offre une remarquable qualité d’exécution et de très belles proportions. Elles le rendent aussi élégant ouvert que fermé. Non estampillé, il est sûrement sorti des mains d’un grand ébéniste. Son mécanisme est facile à actionner, ce qui est rare. Son aspect solide et massif, surtout dans les montants, laisse penser qu’il a été fabriqué en pleine période Empire, sans doute vers 1805-1808. Son enchère, qui dépasse de plus de 100 000 F mon estimation haute, me paraît justifiée par la beauté de ce meuble. »
Étude Kohn, Drouot Montaigne, 23 février.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°515 du 1 avril 2000, avec le titre suivant : l‘œil de l‘expert